Côte d’Ivoire : Loïk Le Floch-Prigent interpellé à Abidjan

L’ancien PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, a été arrêté à l’aéroport d’Abidjan, vendredi 14 septembre au soir. Vraisemblablement dans le cadre d’un mandat d’arrêt lancé contre lui par la justice togolaise, qui le soupçonne de complicité dans une sombre affaire d’escroquerie.

Visé par un mandat d’arrêt international, Le Floch-Prigent n’a pas été très discret à Abidjan. © AFP

Visé par un mandat d’arrêt international, Le Floch-Prigent n’a pas été très discret à Abidjan. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 15 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Selon l’un de ses collaborateurs, Loïk Le Floch-Prigent a été arrêté, vendredi 14 septembre au soir à Abidjan, alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol d’Air France. Il se trouve depuis au siège de la police judiciaire de la capitale économique ivoirienne.

Son arrestation découle très vraisemblablement du mandat d’arrêt d’Interpol, lancé contre lui dans le cadre d’une affaire d’escroquerie qui a déjà entraîné l’arrestation et l’inculpation à Lomé de l’ancien ministre togolais Pascal Bodjona.

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Il est possible aussi que les autorités ivoiriennes et togolaises aient été agacées du manque de discrétion de Loïk Le Floch-Prigent, qui donnait vendredi une séance de dédicaces dans une librairie d’Abidjan pour son roman Granit Rosse.

Le Floch-Prigent "dément toute implication"

Contacté par Jeune Afrique peu avant son arrestation, l’ancien PDG d’Elf a tenu à « démentir toute implication » dans l’affaire Bodjona, dont le scénario est typique d’une arnaque « à la nigériane ». En mars 2008, dans un hôtel de Dubaï, un jeune Nigérian implore un homme d’affairs émirati, Abass Al Youssef, d’aider sa mère à récupérer 275 millions de dollars bloqués dans les coffres d’une banque togolaise, en les transférant sur son propre compte, moyennant commission.

Faux documents d’identité à l’appui, la « mère » est présentée comme étant la veuve de feu le président ivoirien Robert Gueï et l’héritière de son trésor de guerre. Abass Al Youssef mord à l’hameçon et se précipite à Lomé, où il est accueilli au bas de la passerelle de son avion privé par un dénommé Bertin Agba, qui se dit ministre de l’Intérieur – un poste inexistant au Togo.

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Employé d’Abass Al Youssef

Pascal Bodjona leur a-t-il permis de rencontrer le chef de l’État ? Toujours est-il que l’Émirati – reçu à dîner chez Bodjona – a décroché un rendez-vous avec Faure Gnassingbé. Au cours de l’entretien, ainsi qu’on le lui avait recommandé, il n’a parlé que d’investissement dans l’exploration pétrolière. Il faut dire qu’Abass Al Youssef est propriétaire d’une entreprise pétrolière qui emploie Loïk Le Floch-Prigent comme conseiller. Cadeaux, voyages en avions spéciaux et frais divers… Mis en confiance, Abass Al Youssef ne regarde pas à la dépense – au profit de ses accompagnateurs – en attendant de voir l’affaire aboutir. Il aurait finalement été délesté de 48 millions de dollars.

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Puis la vérité éclate, la justice est saisie et, le 7 mars dernier, Bertin Agba est écroué. Loïk Le Floch-Prigent, qu’Abass Al Youssef soupçonne de complicité, fait pour sa part l’objet d’un mandat d’arrêt international délivré par un juge de Lomé. Quant à Pascal Bodjona, ses avocats – dont Me Zeus Ajavon, coordinateur du Collectif sauvons le Togo, et Me Dodji Apévon, son homologue au sein de la coalition Arc-en-Ciel – le disent évidemment innocent.

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