Attaque de Benghazi : Washington penche pour la thèse de l’opération planifiée

Vient-on habituellement a une manifestation pacifique avec des kalachninovs et des roquettes RPG ? En toute logique, la réponse est non. C’est la raison pour laquelle l’administration Obama évoque – sans preuve formelle – la thèse de l’opération planifiée pour l’attaque contre le consulat américain de Benghazi, dans la nuit de mardi à mercredi 12 septembre. L’assaut, mené par des salafistes, a coûté la vie à l’ambassadeur des États-unis en Libye, Christopher Stevens, ainsi qu’à trois autres fonctionnaires américains, mais aussi à plusieurs agents de sécurité libyens.

Barack Obama le 12 septembre à Las Vegas. © AFP

Barack Obama le 12 septembre à Las Vegas. © AFP

Publié le 13 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Au fil des heures, les scénarii évoluent. D’abord  mise sur le compte d’hommes armés en colère contre un film anti-islam, l’attaque contre l’ambassade américaine de Benghazi en Libye – qui a coûté la vie à son ambassadeur Chris Stevens – serait l’œuvre d’une opération coordonnée et non pas le résultats de débordements d’une foule en colère, selon un responsable américain.

« C’est l’hypothèse de travail en ce moment », a ajouté ce responsable qui a témoigné sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, la manifestation du 11 septembre contre le film islamophobe « Innocence of muslims » (« L’innocence des musulmans ») a servi de « prétexte » aux extrémistes pour s’en prendre au consulat américain de Benghazi avec des armes de petit calibre mais aussi des lance-roquettes. Benghazi, une ville qui est considérée par ailleurs comme un fief des islamistes radicaux, selon des sources de sécurité.

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L’hypothèse Al-Qaïda

Selon des témoins, des bombes artisanales ont été lancées et des affrontements ont opposé les forces de sécurité aux hommes armés, parmi lesquels se trouvaient des salafistes. Le consulat a été incendié après avoir été pillé et vandalisé, selon les mêmes témoins.

Film islamophobe

Le film « Innocence of Muslims » est signé par un certain Sam Bacile – un pseudonyme -, qui décrit l’islam comme un « cancer ».  Le film se veut une description de la vie du prophète Mahomet tout en évoquant les thèmes de l’homosexualité et de la pédophilie. « Son réalisateur est bouleversé par le meurtre » du diplomate et se cache par peur d’être tué, selon un de ses collaborateurs, Steve Klein. Selon des médias américains, le réalisateur serait un promoteur immobilier israélo-américain de 54 ou 56 ans, dont le nom serait par ailleurs introuvable sur Internet. Un pseudonyme ?

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Pendant cette attaque, l’ambassadeur Chris Stevens, fervent soutien de la révolte contre le régime Kadhafi, et trois fonctionnaires du consulat, ont perdu la vie. Les circonstances précises de la mort de l’ambassadeur n’ont pas encore pu être éclaircies, selon le département d’État. Trois à six civils américains auraient été blessés et des agents de sécurité libyens ont également été tués, d’après un diplomate libyen à l’ONU.

« Les États-Unis condamnent dans les termes les plus forts cette attaque scandaleuse et choquante », a déclaré le président américain Barack Obama lors d’une intervention solennelle à la Maison Blanche. Il a souligné que nombre de Libyens avaient tenté d’aider les Américains pendant l’attaque, et avaient transporté la dépouille de l’ambassadeur à l’hôpital. « L’attaque ne rompra pas les liens entre les États-Unis et la Libye », a-t-il déclaré. Il a en outre donné l’ordre de mettre les drapeaux américains en berne sur les édifices publics jusqu’au 16 septembre.

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Sur la chaîne CNN, Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès américain, a évoqué sans détours ses soupçons : « Il y a des détails encore assez flous, mais clairement on a la signature d’Al-Qaïda. D’autres responsables, sous couvert d’anonymat, se sont contentés de parler d’« attaque complexe ».

Après avoir présenté leurs excuses aux États-Unis, les autorités libyennes ont pointé du doigt les partisans du régime déchu de Mouammar Kadhafi et l’organisation terroriste Al-Qaïda.

Après avoir présenté leurs excuses aux États-Unis, les autorités libyennes ont pointé du doigt les partisans du régime déchu de Mouammar Kadhafi et l’organisation terroriste Al-Qaïda comme les instigateurs de cette attaque, qui est survenue le jour du 11e anniversaire des attentats du 11 septembre aux États-Unis. De son côté, la secrétaire d’État Hillary Clinton a condamné un « attentat choquant pour toutes les consciences » et accusé « un petit groupe sauvage » de l’avoir mené.

Tâche d’huile

Des manifestations contre le film « Innocence of Muslims », à l’origine de la manifestation meurtrière à Benghazi,  commencent à faire tâche d’huile. Des rassemblements devant des représentations américaines à Casablanca, Tunis et Khartoum ont eu lieu. À Téhéran, une manifestation est prévue jeudi 13 septembre devant l’ambassade de Suisse qui représente les intérêts américains.

Au Caire, des islamistes ont manifesté deux soirées consécutives devant l’ambassade des États-Unis, après un appel des autorités à la retenue. Les puissants Frères musulmans ont également appelé à un rassemblement, vendredi 14 septembre, à travers l’Égypte.

Sur ce point précis, la diplomatie américaine se montre ferme. Le président Obama a estimé que le gouvernement égyptien actuel n’était ni l’allié, ni l’ennemi des États-Unis, tout en mettant en garde contre un « vrai gros problème » si les autorités égyptiennes ne protégeaient pas l’ambassade américaine au Caire.

(Avec AFP)

 

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