Gabon : Ali Bongo, l’opposition et la « chienlit »

L’opposition a revu son bilan à un mort après les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants qui ont éclaté, mercredi 15 août, avant une marche de l’Union nationale (UN) à Libreville. Un bilan que le gouvernement dément toujours. Quant au président Ali Bongo Ondimba, il a durci le ton, qualifiant les évènements de « chienlit ».

Le président gabonais, le 31 août 2009 à Libreville. © AFP

Le président gabonais, le 31 août 2009 à Libreville. © AFP

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Publié le 17 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Le président gabonais Ali Bongo a qualifié les affrontements de mercredi à Libreville entre forces de l’ordre et groupuscules d’opposition, de « chienlit », terme fleuri notamment utilisé par le général de Gaulle pour évoquer les émeutes de mai 1968 en France (voir encadré ci-dessous). Je ne vais pas laisser « la chienlit s’installer au Gabon. Force doit resté à la loi et force restera à la loi », a martelé le chef de l’État, jeudi 16 août au soir, lors de son traditionnel discours à la veille de la commémoration de l’indépendance.

« Je ne vais pas laisser notre pays entre les mains de ceux qui, après avoir été aux affaires et s’être illustrés par la trahison, la manipulation, l’enrichissement personnel, l’intolérance et le mépris des populations, veulent aujourd’hui casser et détruire le Gabon », a ajouté le président, faisant une claire allusion à André Mba Obame, ancien baron du régime passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009.

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Sabotage de TV+

Mot choisi

Non, le président Bongo n’a pas fait usage du terme « chienlit » au sens propre (chie-en-lit). C’est bien à son sens politique qu’il faisait référence, lequel a été popularisé par le général de Gaulle, d’abord lors de libération de Paris en août 1944, puis lors des émeutes de mai 1968. Le terme « chienlit » décrit ainsi l’agitation, le désordre, la pagaille. Un sens que l’on trouve dès le XVIe siècle. Mais le terme « chienlit » désigne également un personnage typique du Carnaval de Paris, tombé dans l’oubli. Son déguisement consistait en une chemise de nuit avec le postérieur barbouillé de moutarde…

Le gouvernement a diffusé un communiqué « louant la réaction mesurée des forces de l’ordre ». « Les interpellations se poursuivent pour que chacun réponde de ses actes », d’après le texte qui ne précise pas le nombre d’arrestations qui ont eu lieu lors des troubles ayant précédé mercredi une manifestation de l’Union nationale (UN), le parti dissous d’André Mba Obame. Selon une source haut placée à la présidence, « les dégâts occasionnés sont dus à la volonté manifeste des membres de l’ex-UN d’organiser des troubles ».

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Pas sûr que Frank Nguema directeur de TV+, propriété de Mba Obame, partage son avis. La chaîne n’émet plus après que son émetteur a été incendié par des hommes armés et cagoulés. « Cet énième sabotage et cet acharnement du pouvoir contre TV+ confirment l’absence de liberté d’expression et de la presse », a-t-il estimé.

Bilan revu à la baisse

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Après avoir parlé mercredi de trois morts, l’opposition a néanmoins revu son bilan : « Toutes vérifications faites il y a bien une morte. Elle s’appelle Mwada Elizaberte », a déclaré jeudi Zacharie Myboto, président de l’UN. « Lorsqu’elle était en train de fermer le box [du salon de coiffure où elle travaillait, dans le quartier de la manifestation, NDLR], les agents ont lancé des gaz lacrymogènes, ça l’a touchée à la face. Ils ont commencé à la tabasser », a affirmé le frère de la victime, Gilbert Nguemadit, précisant que sa sœur, asthmatique, était morte à l’arrivée à l’hôpital.

De leur côté, les autorités démentent tout décès pendant la manifestation. Le ministère de la Santé a indiqué que l’hôputal avait « reçu à 16 heures (mercredi) une jeune femme âgée de 22 ans déjà décédée. (…) Il n’a été constaté à l’examen aucun traumatisme (…) Il s’agit d’une mort naturelle », selon le ministère. « L’opposition fait dans la manipulation. Ils passent maintenant de 3 morts à un mort. Il n’y a pas de mort due à la manifestation », affirme une source à la présidence.

Mais selon une source médicale, la jeune femme était « couverte de sang. (…) Je n’ai trouvé ni blessure ni ecchymose. Il est probable qu’elle a fait une réaction aux gaz lacrymogènes », a-t-elle précisé.

(Avec AFP)

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