Nord-Mali : les enfants, recrues très prisées des djihadistes

Ils sont soldats, chauffeurs ou simples petites mains… Depuis le mois de mars, de nombreux enfants sont enrôlés par les groupes islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali.

Un enfant accompagnant des membres d’Ansar Eddine, dans une rue de Tombouctou. © AFP

Un enfant accompagnant des membres d’Ansar Eddine, dans une rue de Tombouctou. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 12 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

« On les voit passer dans les pick-up des "barbus". Certains sont très jeunes et ont déjà une mitrailleuse dans les mains. » Joint par téléphone, Hallé Ousmane, le maire de Tombouctou, est inquiet. Depuis le début du conflit dans le Nord-Mali, de nombreux enfants de la région sont recrutés par les groupes islamistes d’Ansar Eddine et du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), mais aussi par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

D’après un rapport de l’Unicef publié vendredi 6 juillet, 175 garçons, âgés de 12 à 15 ans, font partie de ces différents groupes armés. En interne, on reconnaît que cette estimation manque de précision. L’Unicef ne peut plus se rendre dans le nord du pays et récolte ses informations grâce aux différents témoins encore présents sur place. La situation pourrait donc être bien pire. Une source humanitaire, contactée par Jeune Afrique, évoque pour sa part plus de 1 000 enfants enrôlés, un chiffre bien-sûr invérifiable.

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La séduction par l’argent

D’après cette dernière source, les djihadistes ne font pas de recrutements forcés et violents. Ils sont discrets et attirent les enfants en leur faisant de « belles » promesses. « Ils leur proposent de l’argent, de la nourriture, des portables, des vélos, des motos et pleins d’autres choses… Pour ces gamins qui n’ont plus rien, c’est difficile de résister à la tentation », déplore-t-elle. Certains iraient de leur plein gré, d’autres seraient poussés par leurs familles. « C’est pas étonnant, s’énerve Hallé Ousmane. À Tombouctou, il n’y a plus rien : plus d’activité économique, plus de travail, et les prix de la nourriture ne cessent d’augmenter. »

Après avoir été recrutés, les enfants sont souvent éloignés de leur village d’origine. « Une fois partis, ils sont totalement coupés de leur entourage et de leurs amis, poursuit le maire de la Ville aux 333 saints. Et quand ils repassent chez eux, ils ne saluent même plus les gens qu’ils connaissent ».

Enfants-soldats

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Les jeunes servent d’espions, de chauffeurs, ou encore d’hommes à tout faire. Si certains sont « seulement » porteurs d’armes, d’autres sont des soldats à part entière. D’après plusieurs témoins, plusieurs enfants d’à peine 15 ans auraient ainsi combattu lors des récents affrontements entre Touaregs et islamistes à Gao.

Habillés à l’afghane ou en treillis, les jeunes recrues seraient formées dans des camps d’entraînements djihadistes éparpillés à travers la région. D’après une source locale, au moins trois camps ont été repérés à Kidal, Gao et Mopti. Les nouveaux arrivants y apprennent le maniement des armes et suivent un entraînement physique, tout en étant abreuvés en permanence par les discours radicaux des islamistes. Contrôlés par des cadres d’Ansar Eddine et du Mujao, ces camps seraient en partie animés par des formateurs afghans et pakistanais.

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