OIF : l’indigné Abdou Diouf

« Nous devons être des indignés linguistiques ! » Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, a eu le sens de la formule lors de l’ouverture du premier Forum mondial de la langue française qui se déroule à Québec (Canada), du 2 au 6 juillet.

Abdou Diouf, secrétaire général de l’OIF. © Reuters

Abdou Diouf, secrétaire général de l’OIF. © Reuters

Publié le 3 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Plus de 1500 conférenciers venus d’une centaine de pays – essentiellement des artistes, des jeunes et des représentants de la société civile – vont débattre de l’avenir de la Francophonie autour de quatre thèmes : l’économie, l’emploi et la formation; la diversité linguistique; les échanges culturels et l’univers numérique. C’est la première fois que l’OIF, habituée jusqu’alors aux sommets de chefs d’État, se lance dans une telle aventure : fêter la langue française en organisant notamment des concerts et des spectacles de rue.

L’idée est venue d’Abdou Diouf après la publication en 2010 du premier rapport de l’Observatoire de la langue française. Le diagnostic était double. Au moins 220 millions de personnes parlent aujourd’hui le français à travers le monde et elles seront plus de 600 millions en 2050, dont 85 % en Afrique. Autrement dit, l’avenir de la Francophonie est sur le continent. Deuxième enseignement, plus morose, l’idiome du commerce et de la finance, l’anglais, ne cesse de gagner des parts de marché. Les anglophones sont aujourd’hui estimés à 2,4 milliard de personnes, ils seront plus de 4 milliards en 2050.

Pour l’OIF, ce n’est pas uniquement l’avenir de la langue de Voltaire qui est en jeu, c’est aussi la diversité culturelle et une certaine idée du monde.

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«  Le temps presse », a lancé Abdou Diouf dans son discours. « Il y a des faits, des pratiques quotidiennes, des évolutions géopolitiques et géoculturelles lourdes qui doivent nous inciter à réfléchir, à agir et à réagir », a-t-il ajouté. À défaut, il y a un risque que le français, « un jour, ne dise plus rien sur rien ». Mais pour l’OIF, ce n’est pas uniquement l’avenir de la langue de Voltaire qui est en jeu, c’est aussi la diversité culturelle et une certaine idée du monde.

« Que ce premier Forum se déroule ici était presque une évidence », explique Fatima Houda-Pépin, Première vice-présidente de l’Assemblée nationale du Québec d’origine marocaine. « Nous sommes condamnés à exercer une vigilance constante pour la diffusion et la promotion du français en Amérique du Nord. Mais le multilinguisme est une force, et une langue maitrisée une compétence », analyse cette native de Meknès arrivée au Québec il y a une quarantaine d’années.

L’Afrique habituée à dialoguer en de nombreuses langues tout en maintenant une forme d’unité autour du français, entre autres, a certainement quelque chose à dire sur cette Francophonie du XXI e siècle. Avec un rendez-vous dans un immédiat proche, le sommet de Kinshasa prévu en octobre prochain. Avec 60 millions d’habitants, la RD Congo est aujourd’hui le deuxième pays francophone après la France. En 2050, les 100 millions de Congolais seront les plus nombreux…

Philippe Perdrix, envoyé spécial à Québec

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