Iyad Ag Ghali : « Ansar dine ne connaît que le Mali et la charia »

Soucieux de combler son déficit de relations publiques par rapport au MNLA, Iyad Ag Ghali a mis en place une petite cellule chargée de recueillir toutes les questions de la presse et de les lui soumettre. Le leader d’Ansar dine ne parle pas directement mais transmet ses réponses en arabe et met en garde son intermédiaire-interprète contre toute déformation de ses propos. Jeune Afrique en a profité pour vous, en exclusivité.

Iyad Ag Ghali dirigeant la prière dans une vidéo de propagande d’Ansar dine. © AFP/YouTube

Iyad Ag Ghali dirigeant la prière dans une vidéo de propagande d’Ansar dine. © AFP/YouTube

Publié le 8 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Que le chef d’Ansar dine soit venu lundi 2 avril à Tombouctou avec Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux émirs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est un secret de polichinelle… ou un mensonge bien partagé. Car plusieurs témoins affirment avoir été présents quand Iyad Ag Ali a présentés les chefs djihadistes à l’imam de la mythique mosquée de Djinguirayber.

Oumar Ould Amaha, le puissant lieutenant de Belmokhtar, originaire de la région, serait même passé dire bonjour dans plusieurs familles de la « Ville au 333 saints ». Pourtant, Iyad ag Ghali, ne veut pas commenter ces informations. Interrogé par téléphone, via un intermédiaire-traducteur, le patron d’Ansar dine a été catégorique : « Cette question n’aura aucune réponse ».

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Le sujet est sensible. Le mouvement est stigmatisé pour ses fortes accointances avec les barbus d’Aqmi, notamment à Tessalit et à Aguelhoc où Amadou Toumani Touré, le président malien renversé le 22 mars par un putsch, les accuse d’avoir exécuté ou égorgé plus de soixante dix militaires maliens. La réponse du leader islamiste à ce propos fut longue.

"À Kidal, c’était eux ou nous"

« Voici ce que vous devez savoir, nous dit le traducteur d’Iyad Ag Ghali. Aguelhoc fut la bataille la plus farouche de toute les campagnes récentes. Les militaires maliens ont résisté héroïquement. C’était eux ou nous. Ce furent eux qui tombèrent. Aucune exécution n’a eu lieu et nous avons même présentement des prisonniers loyalistes capturés à Aguelhoc et se battant pour Ansar dine aujourd’hui ».

Le rapport d’enquête du gouvernement malien alors ? « Il est tout simplement faux ». Et qu’en est-il aussi des contradictions qui s’étalent de plus en plus au grand jour entre Ansar dine et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ? De fait, il est de notoriété publique qu’en arrivant à Tombouctou, les combattants d’Iyad Ag Ghali ont décroché du camp militaire le drapeau du mouvement dirigé par Mohamed Ag Nagim (qui se trouvait lui à l’aéroport, à trois kilomètres de là), pour le remplacer par l’étendard islamiste et les couleurs de la République du Mali.

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"Ils suivent leur chemin et nous suivons le nôtre"

« Il n’y a pas de problème entre nous et le MNLA, ils suivent leur chemin et nous suivons le nôtre », dédramatise le chef d’Ansar dine. Alors, pour lui, Tombouctou se trouve t-il en Azawad – déclaré indépendant le 6 avril par le MNLA – ou au Mali ? La réponse est en creux : « Ansar dine ne connaît que le Mali et la charia », affirme-t-il.

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Sur les vols et les viols commis à Gao, ainsi que l’enlèvement rocambolesque du consul algérien et de six personnes de son staff, Iyad fait dire : « Nous ne sommes pas à Gao. Partout où nous sommes, c’est l’ordre et la discipline. » Il est vrai qu’à Kidal, presque aucune exaction n’a été signalée, et qu’à Tombouctou, l’instauration de l’ordre semble être effective, même si elle a pris un peu de temps, et nécessité contre les pillards quelques jugements selon les règles de la charia. « Est-ce vrai que vous avez fait coupé des bras à Tombouctou » ? L’intermédiaire : « Cette question n’aura pas de réponse ».

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Par Adam Thiam, à Bamako

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