Côte d’Ivoire : le FPI n’attend que l’invitation du pouvoir pour dialoguer

Le Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo) se dit prêt à négocier directement avec le gouvernement du nouveau Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio. Qui a également annoncé ses bonnes dispositions.

Alphonse Douati, secrétaire général adjoint du FPI chargé du suivi de l’action gouvernementale © D.R.

Alphonse Douati, secrétaire général adjoint du FPI chargé du suivi de l’action gouvernementale © D.R.

Publié le 21 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Le dialogue politique pourrait vite reprendre en Côte d’Ivoire. Mardi, le nouveau Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio a annoncé au sortir d’une séance de travail avec le président Alassane Ouattara, au palais présidentiel du Plateau, que le gouvernement allait engager un dialogue direct avec l’opposition. « Nous avons pris la décision de reprendre contact avec l’opposition dans un cadre officiel, a déclaré Ahoussou. Le gouvernement sera désormais l’interlocuteur de nos frères et sœurs du FPI et de LMP (L’ex-Majorité Présidentielle, NDLR). Nous allons discuter ».

La décision de renouer les fils du dialogue avec l’opposition avait été prise lors d’un conseil de gouvernement présidé quelques heures plus tôt par le Premier ministre. Dans les prochains jours, un courrier officiel sera adressé par le gouvernement aux principaux partis et groupements politiques de l’opposition.

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« Nous attendons l’invitation, a rétorqué ce mercredi Alphonse Douati, ex-ministre et secrétaire général adjoint du FPI chargé du suivi de l’action gouvernementale. Nous prenons acte de la proposition de dialogue et nous souhaitons que le pouvoir en crée les conditions ».

Prudence du FPI

Douati a indiqué que son parti ne pose aucun préalable mais qu’il reste prudent. « On ne peut pas tendre un rameau avec la main droite et tenir un couteau dans la main gauche », a-t-il expliqué. Une allusion aux propos d’Amadou Soumahoro, secrétaire général par intérim du Rassemblement des républicains (RDR, parti de Ouattara) rapportés dans la presse et qui appelait les militants de son parti à « se tenir prêts » contre « les arrogances du FPI ».

Le pouvoir avait tenté l’année dernière, sans réelle conviction, de discuter avec le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD, coalition de l’opposition radicale amenée par le FPI). Fin septembre 2011, Ouattara avait reçu à cet effet au palais présidentiel une délégation conduite par Laurent Dona Fologo, ex-président du Conseil économique et social. Les choses en étaient restées là et le CNRD avait boycotté les législatives de décembre 2011.

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Quant à l’opposition modérée conduite par Gervais Coulibaly, ex-porte-parole de Gbagbo, elle ne posait aucun préalable ni pour sa participation aux législatives ni pour une discussion avec le pouvoir. Cependant, ses appels du pied n’avaient pas trouvé d’écho auprès du pouvoir.

Quatre points de négociations

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De source proche du Premier ministre, les discussions devraient impliquer les deux mouvances de l’opposition. Elles devraient tourner autour de quatre principaux points : la libération des personnalités pro-Gbagbo détenues dans des prisons du nord (notamment Simone et Michel Gbagbo, respectivement épouse et fils de l’ancien président, Pascal Affi N’Guessan, président du FPI et Gilbert Marie Aké N’Gbo, ex-Premier ministre de Gbagbo) ; le rétablissement de la sécurité ; l’organisation des municipales (qui inclut la recomposition de la Commission électorale indépendante) ; et la participation de l’opposition à la réconciliation nationale.

Le Premier ministre nommé le 13 mars dernier par Ouattara, en remplacement de Guillaume Soro, élu entre-temps au perchoir, avait fait du dialogue avec l’opposition l’une de ses priorités. Près d’un an après la chute de Gbagbo, la réconciliation nationale est toujours au point mort, en dépit de la bonne volonté de Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR). En cause, entre autres, le manque de volonté politique.

Selon le Premier ministre, l’heure est venue pour que « les Ivoiriens se regardent autrement pour le bonheur de cette population qui a trop souffert de la division, de la mésentente entre ses fils et ses filles ». Reste à traduire en actes les déclarations de bonne intention des deux camps.

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Par André Silver Konan, à Abidjan

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