Nord-Mali : les Bamakois jugent sévèrement la politique sécuritaire d’ATT

Depuis que Amadou Toumani Touré (ATT) a accédé au pouvoir en 2002, deux rebellions touarègues se sont déclenchées dans le Nord du Mali. La dernière en date a provoqué une sérieuse chute de la cote de popularité du président malien. Pis : nombreux sont les Bamakois à penser que ce dernier veut en profiter pour briguer un 3e mandat.

Les appels au calme du président malien Amadou Toumani Touré n’ont pas rassuré les Bamakois. © Miguel Medina/AFP

Les appels au calme du président malien Amadou Toumani Touré n’ont pas rassuré les Bamakois. © Miguel Medina/AFP

Publié le 9 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Même si les combats ont été rudes au Nord-Mali depuis l’explosion de la rébellion touarègue à la mi-janvier, la quatrième de l’histoire du Mali indépendant, beaucoup de Maliens ont le sentiment que leur président est trop laxiste. « Nous ne pouvons plus compter sur lui », lance Soumana, un étudiant de l’université de Bamako, qui note que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a déjà « chassé les militaires d’au moins cinq villes du Nord ».

« Comment est-ce possible que nos maris soient allés au combat sans les armes lourdes et sophistiquées que nous avons vues en 2010, lors du défilé militaire du 50e anniversaire de notre pays ? » renchérit une femme de militaire, qui a participé à la marche des 1er et 2 février à Bamako contre la politique d’ATT au nord.

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Lors de ces manifestations qui ont tourné à l’émeute dans plusieurs endroits de la capitale, des insultes ont volé à l’égard d’ATT, traité notamment de « complice des rebelles ».

"C’est vous, le chef des rebelles"

« Nous avons appris que c’était vous, le chef des rebelles ! » a lancé à ATT l’une des femmes de militaires qui participaient à une rencontre avec le chef de l’État, à Koulouba le 3 février. Et une autre d’ajouter : « Nous avons appris que nos militaires mourraient de faim sur le terrain, alors que vous avez accueilli les combattants venus de la Libye avec des millions de F CFA et des céréales ».

ATT a eu beau appeler au calme lors d’une adresse à la nation le 1er février au soir, et confirmer le lendemain qu’il passera bien le témoin à son successeur le 8 juin 2012, rien n’y fait. Car en cas de guerre sur une partie du territoire, les élections pourraient être reportées. « Et le président sortant bénéficiera d’un bonus indéterminé », en conclut Issouf, un jeune bamakois.

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La cote de popularité d’ATT étant au plus bas, les rumeurs les plus incroyables à son sujet sont allées bon train sur les radios libres. Selon l’une d’elles, les militaires maliens auraient trouvé à Aguelhok un téléphone satellitaire Thuraya, oublié par les rebelles. Ils auraient répondu à un appel et eu au bout du fil… ATT lui-même !

Enfin, le manque de communication du gouvernement sur les affrontements entre l’armée et les rebelles n’arrange rien. « Le sentiment que nous avons aujourd’hui n’est pas celui d’être des vaincus, mais plutôt celui du manque de leader capable d’affronter l’adversaire, de souder le peuple et de nous donner de l’espoir », résume Zan, un étudiant bamakois.

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Par Baba Ahmed, à Bamako

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