Élections en RDC : après les violences, le dépouillement

Les élections se sont-elles bien passées en RDC, pays grand comme quatre fois la France ? Si la Ceni se déclare « satisfaite » du scrutin, les problèmes logistiques et les violences meurtrières incitent les observateurs à réserver leur jugement. D’autant que le pire est peut-être à venir, après la proclamation des résultats de la présidentielle.

Beaucoup d’électeurs, pourtant enregistrés, n’ont pas trouvé leurs noms sur les listes pour voter © Simon Maina/AFP

Beaucoup d’électeurs, pourtant enregistrés, n’ont pas trouvé leurs noms sur les listes pour voter © Simon Maina/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 29 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

C’est bien souvent à la lumière de lampe à piles, sans courant électrique, comme dans de nombreux quartiers de Kinshasa, que les Congolais ont commencé le dépouillement des bulletins de vote du scrutin du 28 novembre. Une opération qui, si tout se passe bien, doit conduire à la promulgation par la Ceni des résultats provisoires de la présidentielle, le 6 décembre, et de ceux définitifs par la Cour suprême de justice, le 17 décembre, soit trois jours avant la prestation de serment du président élu. Quant aux résultats provisoires des législatives, ils ne sont pas attendus pas avant la mi-janvier.

La journée de vote a été marquée par de nombreux problèmes logistique dus à l’absence de matériel électoral conduisant à des retards dans de nombreux centres de vote, mais aussi par plusieurs incidents meurtriers. Selon un porte-parole militaire, le capitaine Katchong Mbav, au moins dix personnes ont été tuées lors d’une attaque par des hommes armés d’un bureau de vote du quartier Njanja de Lubumbashi, capitale de la province du Katanga (sud-est). Les victimes sont sept assaillants, deux policiers et une civile venu voter, qui a reçu une balle perdue. « Sept autres assaillants ont été arrêtés et au moins un policier a été blessé », a ajouté l’officier. De son côté, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, donne un bilan légèrement différent : huit assaillants auraient été tués et 11 arrêtés.

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"Nous venons vous libérer"

Selon le représentant de la Ceni à Njanja, des civils armés, le front ceint d’un bandeau rouge, ont fait irruption dans le bureau, demandant aux officiels et aux électeurs de sortir. « Nous venons vous libérer, ont-ils lancé, et ils ont abattu deux policiers en faction qui voulaient s’interposer, avant que des forces se sécurité n’interviennent », explique-t-il. Un peu plus tôt, un indépendantiste du Katanga présumé avait revendiqué une attaque contre un convoi de huit jeeps chargées de matériel électoral, sous escorte policière.

Plus à l’ouest, dans la province du Kasaï occidental qui est l’un des  l’un des fiefs de l’opposant Étienne Tshisekedi, une douzaine de bureaux de vote ont été incendiés à Kananga par des opposants à cause de la découverte, avant le début du vote, d’urnes contenant déjà des bulletins pro-Kabila.

Enfin, à Kinshasa, la tension restait également vive à la nuit tombée. La police était déployée en nombre dans les rues et des coups de feu ont même retenti dans certains quartiers populaires. Une ambiance que les manœuvres policières pour empêcher Étienne Tshisekedi de voter n’ont pas aider à détendre. Accompagné de plusieurs milliers de partisans, l’opposant a d’abord été bloqué par un barrage des forces de l’ordre sur la route entre l’aéroport et la capitale, il s’est finalement rabattu sur un autre bureau, ouvert dans l’institut Lubumba, où il a pu voter juste avant la fermeture officielle des centes de vote (16H00 GMT, là aucun incident n’a eu lieu).

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Réaction américaine

Les réactions internationales face aux nombreux incidents du scrutin sont cependant discrètes, sauf du côté américain. Les États-Unis ont déploré « dans les termes les plus forts la violence liée à l’élection », a déclaré Mark Toner, un porte-parole du département d’État. Faisant allusion à d’éventueles fraudes à grande échelle, Toner a ajouté qu’il espérait que « les informations faisant état d’anomalies » lors du scrutin vont s’avérer « isolées ».

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De fait, certains récits sont troublants, comme celui de Nadine, 19 ans, venue au bureau du collège kinois Saint-Pierre. « Je n’ai pas trouvé mon nom sur la liste. J’étais là hier, et il y était. Je suis déçue, tellement déçue ! » a-t-elle lancé. Un témoignage similaire à celui de nombreux électeurs.

(Avec AFP)

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