Nord-Mali : un nouvel enlèvement et beaucoup de questions

Après l’enlèvement jeudi de deux « géologues » français dont le passé est pour le moins sujet à caution, trois autres otages ont été enlevés vendredi dans un bar de Tombouctou, au Nord du Mali vers 14 heures 30 locales. Ayant refusé de suivre les agresseurs, un quatrième homme, touriste comme les trois autres, a été abattu. Tous les regards se portent vers Aqmi.

Des soldats maliens et français poursuivent les recherches des otages dans le Nord-Mali. © AFP

Des soldats maliens et français poursuivent les recherches des otages dans le Nord-Mali. © AFP

Publié le 25 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Quatre touristes – de nationalité néerlandaise, suédoise, sud-africaine et allemande – ont été victimes d’une prise d’otages, vendredi 25 novembre en début d’après-midi, à Tombouctou, dans le nord du Mali, selon le département de la Protection civile de Tombouctou interrogé par jeuneafrique.com. L’Allemand, qui a tenté de résister, a été tué et est mort sur le coup d’une balle dans la tête et d’une autre dans le ventre.

Le kidnapping a eu lieu dans le bar-restaurant Amanar, à l’extrême-nord de la ville, à l’orée du désert. Selon des témoins oculaires, les ravisseurs étaient au nombre de trois. Ils ont embarqué leurs trois otages dans un Land Cruiser 4×4 et ont pris immédiatement la direction du désert. Le modus operandi ressemble à celui d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), sans qu’il soit pour le moment possible de confirmer que le groupe djihadiste soit à l’origine de l’enlèvement.

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Dans l’immédiat, la gendarmerie et la police maliennes regroupent tous les Occidentaux présents à Tombouctou au même endroit pour garantir leur sécurité. La saison touristique n’a pas encore débuté et ils ne sont donc pas encore très nombreux.

La nouvelle sonne comme un coup de tonnerre dans le pays, déjà secoué hier par une prise d’otages.

La véritable identité de Philippe Verdon et Serge Lazarevic

L’enlèvement arrive en effet un peu plus de 24 heures après le rapt de deux Français nommés Philippe Verdon et Serge Lazarevic, comme l’a révélé jeuneafrique.com, lesquels ont été pris en otage à Hombori (à l’est de Tombouctou, près de la frontière avec le Burkina).

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Verdon et Lazarevic ont d’abord été présentés comme des géologues employés par une société malienne avant que des doutes soient émis sur leur véritable identité.
Djibril Camara, le dirigeant de l’entreprise en question, Mandé Construction Immobilière, confirme cependant à jeuneafrique.com : « Philipe Verdon a un diplôme de géologue et Serge est un ingénieur BTP spécialisé dans la construction des usines. Je les ai rencontrés pour la première fois en février 2011 à Londres. Ils travaillent pour Neuville Standsield Capital, une société minière opérant notamment à Maurice et en Afrique du Sud. Ils m’ont eu l’air sérieux et les géologues maliens à qui je les ai présentés m’ont dit qu’ils connaissaient leur travail. »

Mais les deux hommes ne s’étaient pas enregistrés auprès du consulat français, à leur arrivée, pas plus qu’à l’hôtel dans lequel ils sont descendus à Hombori, le Dombia. Leurs noms avaient tout de même été consignés par les employés de l’hôtel.

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Passé sulfureux

La Direction générale des services extérieurs (DGSE) française a découvert leur présence dans la région après leur enlèvement seulement. Et, d’après des informations d’Europe 1, les deux hommes ne seraient pas inconnus des « services », l’un (Lazarevic) pour être apparu dans une procédure judiciaire en Serbie, visant un réseau clandestin financé par le contre-espionnage français. L’autre (Verdon) pour avoir été arrêté aux Comores en 2003, lors de la tentative de coup d’État contre Azali Assoumani.

L’enquête continue sur l’identité des deux hommes, tandis que les autorités maliennes appuyées par des militaires françaises poursuivent les recherches dans la région.

Au moins sept Européens sont désormais retenus en otage au Sahel, dont six Français, ainsi qu’un ou deux Sud-Africains. Une région de plus en plus dangereuse et qui abritent de nombreuses cellules d’Aqmi.

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