Libye : le chef militaire de Tripoli réclame des excuses aux gouvernements britannique et américain

Ancien militant islamiste et opposant au régime Kadhafi, aujourd’hui « héros » de la rébellion, Abdelhakim Belhadj aurait été arrêté en 2004, livré aux autorités libyennes par la CIA et les services secrets britanniques puis torturé. Il réclame aujourd’hui des excuses de la part de ces gouvernements.

Abdelhakim Belhaj. © Karim Jafar/AFP

Abdelhakim Belhaj. © Karim Jafar/AFP

Publié le 5 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Il possède tout de la figure du héros. Abdelhakim Belhaj, président du conseil militaire des révolutionnaires de Tripoli, s’est illustré lors de la bataille pour la libération de la capitale libyenne, en étant le premier à entrer, en tête de sa brigade, dans le quartier général de Mouammar Kadhafi. Un rebelle de la première heure, et qui revient de loin.

En 2004, Abdelhakim Belhadj, militant islamiste et opposant au régime Kadhafi, se ferait appeler « Abdullah al-Sadiq ». En provenance de Kuala Lumpur, l’homme serait arrivé à Bangkok, en Thaïlande, où il aurait été capturé par la CIA, aux côtés de sa femme enceinte. Ces informations proviennent de documents découverts par l’ONG Human Rights Watch dans un immeuble des services secrets libyen à Tripoli, parmi lesquels, un mémorandum émanant de la CIA.

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Demande d’excuses

Livré aux autorités libyennes, Abdelhakil Belhadj resta incarcéré pendant 7 années à la prison Abou Selim de Tripoli, fut soumis à la torture, selon ses dires. « On m’a injecté quelque chose, suspendu à un mur par les bras et les jambes et placé dans un conteneur entouré de glace », a-t-il relaté. « Ils ne me laissaient pas dormir et il y avait du bruit constamment. J’ai été régulièrement torturé ».

Abdelhakim Belhadj affirme aussi avoir subi des interrogatoires de la part de services secrets britanniques. « Je suis étonné que les Britanniques aient été mêlés à ce qui a été une période très douloureuse de ma vie », a-t-il regretté. Passé du statut d’ennemi du régime à celui de « héros », l’homme peut aujourd’hui  réclamer des excuses, de la part de ceux qui l’ont jadis livré au régime libyen.

« Ce qui m’est arrivé était illégal et mérite des excuses », a-t-il asséné à la BBC. En outre, le militaire aurait confié au quotidien britannique The Guardian qu’il comptait poursuivre devant la justice, les gouvernements britannique et américain.

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Conserver des "relations normales"

Parmi les documents retrouvés, figurait également un courrier, dans lequel un haut responsable des renseignements britanniques félicite les Libyens pour l’arrivée d’ « Abdullah al-Sadiq ». « C’est bien le moins que nous pouvions faire pour vous », déclare dans ce texte le responsable britannique à Moussa Koussa, alors chef de l’espionnage du régime Kadhafi, tout en soulignant que la direction de l’opération « était britannique ».

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Le Royaume-Uni souhaite répondre de ces accusations en enquêtant sur la coopération présumée de ses services secrets avec Mouammar Kadhafi. « Nous allons nous pencher sur les allégations selon lesquelles le Royaume-Uni serait impliqué dans la livraison de détenus à la Libye », a expliqué un porte-parole de la commission indépendante sur les pratiques des services secrets britanniques. « Nos investigations portent sur le degré d’implication des autorités britanniques et leur connaissance des mauvais traitements aux détenus, y compris le fait de les livrer », a-t-il expliqué, précisant que cette mission était du ressort de la commission.

Jack Straw, le ministre des Affaires étrangères travailliste au moment des faits, a pour sa part défendu sur la BBC l’attitude des gouvernements britanniques successifs. « Non seulement nous n’avons jamais approuvé ces méthodes, mais nous ne nous en sommes jamais rendus complices et n’avons jamais fermé les yeux », a-t-il déclaré.

Pour autant, ces révélations n’ont pas, comme objectif, de mettre à mal les relations de ces Occidentaux avec la nouvelle Libye. Abdelhakim Belhadj souhaite que le pays conserve « des relations normales avec les États-Unis et la Grande Bretagne ».

(Avec AFP)
 

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