RDC : pour l’accusation à la CPI, Lubanga est coupable

Pour le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Thomas Lubanga, l’ancien chef de milice de République démocratique du Congo (RDC) et premier accusé de la CPI, est coupable « au-delà de tout doute possible » de l’enrôlement d’enfants-soldats.

L’ancien chef de milice de RDC, Thomas Lubanga, lors de son procès devant la CPI, le 25 août 2011. © Michael Kooren/AFP

L’ancien chef de milice de RDC, Thomas Lubanga, lors de son procès devant la CPI, le 25 août 2011. © Michael Kooren/AFP

Publié le 26 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Sur le banc des accusés de la CPI à La Haye, Thomas Lubanga, fondateur et dirigeant présumé de l’Union des patriotes congolais (UPC), ex-commandant des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLD). Il est jugé depuis le 26 janvier 2009 pour crimes de guerre.

Jeudi, l’accusation s’exprimait pour la dernière fois devant les juges avant leur délibération. Lors de cette audience, la déclaration du procureur adjoint Mme Fatou Bensouda, a été sans ambiguïté au sujet de l’accusé Thomas Lubanga : « Les preuves soumises dans cette affaire montrent, non seulement au-delà de tout doute raisonnable mais au-delà de tout doute possible, que Thomas Lubanga est coupable »

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« Les crimes ont affecté des centaines d’enfants. Ces enfants ont été entraînés dans une vingtaine de camps en Ituri, un territoire plus grand que les Pays-Bas », a affirmé Mme Bensouda.

Les représentants des victimes et la défense devaient à leur tour prononcer leurs « déclarations de clôture » plus tard dans la journée et vendredi.

"Un appel de l’humanité à la justice"

Thomas Lubanga, âgé de 50 ans, est jugé pour l’enrôlement et la conscription d’enfants de moins de 15 ans et pour les avoir fait participer activement à des hostilités durant la guerre civile en Ituri (est de la RDC) entre septembre 2002 et août 2003.

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C’est en tant que « conseiller spécial » du bureau du procureur que Benjamin Ferencz, ancien procureur du tribunal de Nuremberg, chargé de juger les hauts responsables nazis après la Seconde Guerre mondiale, a exceptionnellement pris la parole jeudi. Ses paroles ont été fortes : « l’argumentation que nous présentons est un appel de l’humanité à la justice ».

« Les mots et les chiffres ne peuvent pas décrire adéquatement le mal physique et psychologique infligé à des enfants vulnérables », a-t-il soutenu : « Imaginez la peine des mères (…) qui se demandent encore ce qui est arrivé à leurs enfants ».

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Lubanga plaide non coupable

Thomas Lubanga a été transféré à La Haye il y a plus de 5 ans, en mars 2006. Dans ce procès, l’ancien chef de milice plaide non coupable.

Un procès « historique pour les milliers de victimes en Ituri qui espèrent que justice leur sera rendue »,  a déclaré à la Cour Paolina Massida, une représentante des victimes. Au sujet des enfants-soldats, elle a assuré que « rien ni personne ne pourra effacer les moments terrifiants où ils ont vu la mort en face.»

Au terme du procès, si Lubanga est reconnu coupable, les juges pourront, s’il le souhaitent, avant de proclamer la sanction, demander aux parties quelle peine elles jugent appropriée avant de se prononcer. Si sa culpabilité est avérée, Thomas Lubanga pourrait également être condamné à indemniser les 118 victimes autorisées à participer à la procédure.

Un procès historique et de longue haleine

Entrée en fonction en 2002, la CPI est le premier tribunal international permanent chargé de juger les auteurs de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de génocide.

Thomas Lubanga en est le premier accusé et son procès se déroule dans la longueur. Le  8 juillet 2010, il avait été suspendu pendant trois mois, à la suite du refus du procureur de communiquer à la défense le nom d’un intermédiaire chargé de retrouver des témoins des crimes dont est accusé M. Lubanga.

Selon la défense de ce dernier, de faux témoignages avaient été « fabriqués » avec l’assistance d’intermédiaires et la collaboration du procureur. L’arrêt définitif du procès avait été réclamé, en vain.

Le jugement n’est pas attendu avant des mois.

(Avec AFP)
 

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