Libye : Misrata toujours sous le feu des bombes, la CPI va lancer des mandats d’arrêts

Le groupe de contact chargé de piloter l’intervention militaire en Libye doit se retrouver jeudi à Rome pour lever des fonds en soutien à l’insurrection libyenne. Pendant ce temps, le port de Misrata continue d’être bombardé et la Cour pénale internationale s’apprête à lancer des mandats d’arrêt internationaux contre le régime libyen.

Le navire humanitaire Red Star One, le 4 mai 2011 à Misrata. © AFP

Le navire humanitaire Red Star One, le 4 mai 2011 à Misrata. © AFP

Publié le 5 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

Ultimatum ou pas, les forces loyalistes de Mouammar Kadhafi continuent à bombarder le port de Misrata. D’où l’urgence pour les diplomates du groupe de contact en charge de l’intervention militaire internationale en Libye d’organiser une rencontre, jeudi 5 mai à Rome. Il s’agit d’obtenir « un cessez-le-feu » et de combattre la répression sanglante du soulèvement contre le régime du « guide » libyen. Sans oublier de rassurer l’opinion quant à l’objectif de la coalition, qui n’est pas de « tuer Kadhafi ».

Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères – la France fait partie de la coalition internationale dont l’Otan a repris le commandement – a espéré que « cela ne durera pas au-delà de quelques semaines, au plus de quelques mois ». Il a toutefois tenu à assurer qu’il était « prématuré de parler d’enlisement. » Mais l’Italie, elle aussi engagée sur le terrain, a, par mesure de sécurité et pour éviter cet enlisement, voté une motion exigeant qu’une date butoir soit fixée, en accord avec les alliés, pour les raids aériens.

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Cinq morts près du port de Misrata

Sur le terrain, le pilonnage du port de Misrata – où s’est concentrée la bataille entre les rebelles et les forces loyalistes depuis quelques semaines – a repris mercredi. Après la décision du gouvernement de prolonger l’ultimatum fixé aux rebelles pour la reddition, une vingtaine de roquettes ont tout de même touché un camp de réfugiés près du port, tuant deux Nigérianes et leurs trois enfants.

Un bateau affrété par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), bloqué au large depuis quatre jours en raison des menaces sur le port, a néanmoins pu embarquer dans la cohue quelque 1 300 passagers, essentiellement des réfugiés étrangers mais aussi des centaines de Libyens, dont une quarantaine de blessés graves. Il est ensuite reparti en direction de Benghazi, fief de la rébellion à l’autre extrémité du golfe de Syrte.

« Nous faisons tout notre possible pour assurer le bon fonctionnement du port » de Misrata, seul moyen d’approvisionner les 500 000 habitants de la ville et d’évacuer les réfugiés bloqués, a déclaré le dirigeant de la rébellion.

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La rébellion réclame 2 à 3 milliards de dollars

Au menu des discussions de la réunion de Rome : l’aide financière à apporter aux insurgés libyens. Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a espéré, à la veille de cette réunion « que nous trouverons un mécanisme de Trust Fund International. C’est une proposition sérieuse qui permettra d’utiliser ce fonds garanti et transparent, sous contrôle international, pour fournir des biens de première nécessité ».

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« Notre objectif à Rome sera d’établir comment le peuple libyen peut utiliser au mieux ses biens qui ont été gelés à travers le monde », a assuré Abdel Hafiz Ghoga, vice-président du Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de la rébellion. Ghoga se dit « confiant » dans la possibilité d’obtenir les 2 à 3 milliards de dollars (environ 1,5 à 2 milliards d’euros) réclamés mardi par la rébellion. « Nous avons le soutien des pays où se trouvent ces biens », a-t-il souligné.

Par ailleurs, l’Autriche a annoncé avoir gelé 1,2 milliard d’euros d’avoirs dans le cadre des sanctions contre les proches du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. De son côté, Alain Juppé a déploré que la justice britannique rechigne à débloquer « plus d’un milliard de dollars » gelés par Londres.

Mandats d’arrêt internationaux

Les États-Unis ont exhorté le régime à cesser ses attaques contre la ville et à laisser les organisations internationales apporter de l’aide et évacuer les civils.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a lui décidé de demander trois mandats d’arrêts pour crimes contre l’humanité en Libye, où il évalue le nombre des victimes à « des milliers » depuis le début du soulèvement contre Mouammar Kadhafi le 15 février dernier. Il n’a pas spécifié l’identité des trois personnes visées par les mandats d’arrêt. Selon des diplomates, Mouammar Kadhafi serait sur la liste.

À Tripoli, le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm, a balayé mardi soir les conclusions de la CPI, les qualifiant de « positions partiales ». (avec AFP)

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