Libye : Misrata, la ville aux mille morts

Depuis un mois et demi, un millier de personnes ont trouvé la mort à Misrata, ville rebelle assiégée par les forces pro-Kadhafi. Le nombre de blessés civils est en augmentation, comme celui des candidats à l’exil.

Des hommes, dont des médecins, portent un cercueil à Misrata, le 17 avril 2011. © AFP

Des hommes, dont des médecins, portent un cercueil à Misrata, le 17 avril 2011. © AFP

Publié le 18 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

En six semaines, selon des sources médicales, les combats ont provoqué la mort d’au moins 1 000 personnes à Misrata, soumis au siège des forces pro-Kadhafi. Le docteur Khaled Abou Falgha, administrateur de l’hôpital de la ville, se lamente : « 80 % des morts sont des civils. » Les hôpitaux sont dépassés par la situation, le nombre des blessés s’élèvant désormais à 3 000.

Pour la seule journée de dimanche, 71 blessés ont été dénombrés, tandis que 17 personnes ont été tuées. Selon un responsable des rebelles, Hussein Al-Fortia, les forces loyales à Kadhafi « ont le feu vert pour tuer ». Elles attaquent par trois côtés et tirent des roquettes à plusieurs kilomètres de distance. Surtout, elles utilisent des bombes à sous-munitions, dont l’emploi est interdit par une convention internationale depuis 2010.

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Plus de blessés civils

L’organisation Human Rights Watch dénonce en outre le danger des snipers pour les populations. Une augmentation du nombre de blessés civils a d’ailleurs été enregistrée par l’hôpital de Misrata. « Les combats ont été horribles, explique Hussein Al-Fortia. Il y a des familles qui veulent partir. […] Rester à Misrata est terrible. Tout le monde se trouve sur la ligne de front. »

Samedi, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a évacué par la voie maritime – la seule qui relie la ville assiégée au reste du monde – 99 blessés en Tunisie, dont 10 dans un état « critique ». Mais les candidats au départ sont nombreux même chez les valides. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) craint l’exode des habitants, tandis qu’une dizaine de milliers de migrants – dont beaucoup d’Égyptiens et de Nigériens – attendent déjà leur évacuation dans un camp de fortune près du port de Misrata.


Carte de Libye indiquant les combats en cours dimanche dernier.
© AFP

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Exode des Libyens

Selon Jeremy Haslam, chef de la mission de l’OIM dans le pays, si les quelque 400 000 libyens de Misrata décidaient de fuir la ville en masse, leur exode dépasserait largement les capacités logistiques prévues par les dispositifs réunis de l’OIM, du Qatar et de MSF.

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Dans le reste du pays, les Libyens qui fuient les combats sont toujours plus nombreux. Environ 3 000 d’entre aux ont quitté samedi les montagnes de l’ouest du pays pour rejoindre la Tunisie, a indiqué le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR). À Ajdabiya, dans l’ouest du pays, des rebelles et des habitants ont fui par centaines dimanche, lorsque les forces pro-Kadhafi sont revenues à moins de 20 km de la ville.

Ailleurs, les combats se poursuivaient aussi à Nalout (ouest), et à Ajdabiya, nœud de communication stratégique menant vers le fief des rebelles à Benghazi, à 160 km plus au nord, et vers Tobrouk, à 327 km à l’est. (avec AFP)

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