Libye : Kadhafi clame sa « victoire », les combats continuent de faire rage

Les troupes du colonel Kadhafi ont poursuivi leur contre-offensive tout au long du week-end en Libye, mais avec des résultats peu probants. Des combats meurtriers les ont opposées dimanche aux insurgés dans la ville côtière de Ben Jawad.

Des insurgés libyens avec des armes anti-aériennes, le 6 mars 2011 non loin de Ras Lanouf. © AFP

Des insurgés libyens avec des armes anti-aériennes, le 6 mars 2011 non loin de Ras Lanouf. © AFP

Publié le 7 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Les combats entre les troupes loyales à Mouammar Kadhafi et les insurgés prennent des allures de guerre civile en Libye.

Depuis la fin de la semaine dernière, l’armée régulière s’est lancé dans une grande contre-offensive pour regagner les villes contrôlées par les insurgés. Dimanche, des manifestations célébrant la « victoire » ont été organisées dans la capitale libyenne, toujours contrôlée par le colonel Kadhafi. Tripoli affirme avoir repris les villes de Zawiyah (ouest), Misrata et Ras Lanouf.

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Ben Jawad férocement disputée

Mais sur le terrain, la situation semble être toute autre. En direction de l’Est du pays, région contrôlée par l’insurrection, le front semble s’être stabilisé au niveau de la ville de Ben Jawad, située entre Syrte, la ville natale du « Guide » libyen, qu’il contrôle toujours, et la ville côtière de Ras Lanouf, contrôlée par les insurgés.

Dimanche, les combats ont fait au moins 50 blessés et sept morts, dont les corps ont été rapatriés à Adjabiya, ville contrôlée par l’insurrection. Selon des témoins, six ou sept autres corps ont été amenés à Benghazi, place forte des rebelles plus à l’est.

En fin de journée, Ben Jawad, les insurgés avaient dû se retirer de cette ville.

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À l’Ouest, Zawiyah (située à 60 km de Tripoli) a fait l’objet d’une importante offensive des forces pro-Kadhafi depuis samedi, avec notamment l’emploi de chars d’assaut. Mais selon un porte-parole des insurgés, la ville était encore sous leur contrôle dimanche même si la ville était à court de nourriture et de médicaments.

Des raids aériens étaient ont également été lancés contre les positions de Adjabiya et Brega.

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Kadhafi menace les Européens

Parallèlement, le clan Kadhafi a lancé une offensive diplomatique et médiatique, tentant notamment d’effrayer les Européens en brandissant le spectre du chaos, s’il venait à quitter le pouvoir.

Dans un entretien à la chaîne France 24, il a notamment accusé la France, qui a reconnu le « Conseil national » des insurgés, d’ingérence dans les affaires libyennes. « Ça fait rire, cette ingérence dans les affaires intérieures. Et si nous, nous nous ingérions dans les affaires de la Corse, de la Sardaigne ? », a-t-il lancé. Il a en outre accusé « Al-Qaïda » d’être derrière la révolte que connaît le pays.

Son fils, Seif el-Islam, a quant à lui affirmé que le pays pourrait devenir « une Somalie de la Méditerranée », avec « des pirates au large de la Sicile, de la Crète » et « des millions de migrants ».

L’éventualité d’une intervention militaire divise toujours les Occidentaux. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé qu’une telle intervention aurait des « effets négatifs ». Il s’est en revanche dit favorable à l’établissement d’une zone d’interdiction de survol de la Libye, pour empêcher les bombardements.

Les autorités américaines avaient précisé la semaine dernière que l’établissement d’une telle zone supposait le bombardement préalable des défenses anti-aériennes libyennes, et donc une intervention.

À Washington,  le président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, a suggéré de « bombarder les aéroports et les pistes et les rendre impraticables pendant un certain temps ».

De fait, les Occidentaux ne semblent pas les bienvenus, y compris dans l’Est du pays, contrôlés par les insurgés. Une « équipe diplomatique britannique » a ainsi dû quitter le pays après  avoir « connu des problèmes » selon Londres. Venue « établir des contacts » avec les opposants, ils ont été arrêtés et retenus plusieurs jours, selon les insurgés,  parce qu’ils étaient venus dans le pays « de manière non officielle et sans aucun accord préalable ».

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