L’ambassade libyenne à Paris prise par les « enfants de la révolution »

Pendant que Mouammar Kadhafi massacre son peuple, les membres de la communauté libyenne en France ont pris possession de leur ambassade à Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi. Sous la pression, l’ambassadeur de Libye a démissionné, tout comme son homologue à l’Unesco.

Des dizaines de manifestants se sont emparé de l’ambassade libyenne à Paris, le 25 février. © AFP

Des dizaines de manifestants se sont emparé de l’ambassade libyenne à Paris, le 25 février. © AFP

Publié le 25 février 2011 Lecture : 2 minutes.

À l’ambassade de Libye à Paris, le drapeau vert uni de la Jamahiriya a été remplacé par celui de la république : noir, rouge et vert. « Vert pour l’espoir, rouge pour le sang des martyrs qui a coulé », explique Hussein*, un Libyen venu manifester devant l’ambassade située dans le 15e arrondissement de Paris, à quelques mètres seulement du siège de l’Unesco.

Depuis vendredi 25 février, 00 heures, un groupe se faisant appeler « les enfants de la révolution » a pris possession de la représentation diplomatique. Et ce qui avait commencé comme une simple tentative de concertation avec l’ambassadeur Salah Zaren s’est terminé en destitution à distance du « Guide » libyen, Mouammar Kadhafi.

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Ils sont originaires de Benghazi, Misrata, Syrte et tous sont inquiets pour leur pays avec lequel ils n’ont plus de contact depuis mercredi après-midi. « À Benghazi c’est fini. Nous avons proclamé la république et Kadhafi n’est plus rien pour nous. Mais nous sommes inquiets pour le reste du pays », explique Sarah*, une étudiante libyenne, dont la famille vit à l’est du pays, dans la frondeuse Benghazi où tout a commencé. « La dernière fois que j’ai parlé à ma mère, elle m’a dit que ce que nous avons vu n’est rien à côté de la réalité. Rien du tout ! ».

Facebook et SMS

Le cou ceint d’une keffieh, le visage marqué par le manque de sommeil, Sarah fait partie de la centaine de personnes, étudiants et travailleurs, qui ont fait le pied de grue devant l’ambassade pendant cinq jours, espérant pouvoir discuter avec l’ambassadeur. Pour se retrouver, ils utilisent sms et messages Facebook, les nouveaux outils des révolutionnaires modernes.

« Nous voulions savoir ce qu’il pensait de la situation en Libye, nous sommes venus juste parler avec lui, pour qu’il nous rassure. Et même ça, il n’a pas voulu le faire », s’insurge-t-elle. « On a lu dans les journaux qu’il condamnait ce qui se passe chez nous, mais il n’a même pas daigné nous regarder. Et hier, il n’est même pas venu ». Lorsque les manifestants décident de « prendre » l’ambassade, celle-ci n’est même pas fermée et les quelques fonctionnaires présents ne font rien pour les en empêcher.

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La police fait blocus

Depuis, les occupants sont à l’intérieur du bâtiment et menacent de tous se jeter du haut de l’immeuble de quatre étages à la moindre tentative pour les en déloger. « Il faut prendre leurs menaces aux sérieux, ils n’ont plus rien à perdre », commente Hussein. La police quant à elle, a bloqué tous les accès à la rue, interdisant le ravitaillement des occupants. Le Libyen qui a tenté de braver l’interdit a été intercepté et ramené manu militari hors du périmètre de sécurité. « Il y en a un qui a besoin de manger parce qu’il prend des médicaments pour la tension », argumente un manifestant. « Ce sont les consignes », se contente de répondre le policier. Mais impossible de savoir d’où viennent lesdites consignes…

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À la mi-journée, la démission des ambassadeurs Salah Zaren de la Jamahiriya et Abdul Salam el Galali auprès de l’Unesco a finalement été annoncée. Ils ont déclaré vouloir rejoindre la révolution, mais sont restés introuvables à leur bureau.

*les prénoms ont été changés

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