Otages tués : les contradictions entre Paris et Niamey s’aggravent

Va-t-on vers une brouille diplomatique ? Non seulement les autorités nigériennes affirment qu’elles n’ont interrogé aucun ravisseur présumé, mais également, selon elles, les deux corps de gendarmes nigériens retrouvés sur les lieux de l’assaut final ne sont pas des complices des terroristes. Une version en tout point contraire à celle qu’avancent les autorités françaises…

Les services de Salou Djibo et ceux de Alain Juppé se contredisent. © AFP

Les services de Salou Djibo et ceux de Alain Juppé se contredisent. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Plus l’enquête avance dans l’enlèvement par des membres présumés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de deux jeunes Français, retrouvés morts dans l’opération visant à les libérer, plus les contours de la zone d’ombre se précise. D’abord, les deux gendarmes nigériens retrouvés tués dans leur véhicule, à l’endroit de l’accrochage fatal entre des membres des forces spéciales françaises et les ravisseurs, dans le nord du Mali à une quinzaine de kilomètres de Tabankor (35 km au sud de Ménaka), sont pour Paris des suspects puisqu’ils n’avaient rien à faire en compagnie des preneurs d’otages.

Sont-ils des complices des ravisseurs ? Niamey réfute cette théorie et argue que les gendarmes, à la poursuite des ravisseurs après un premier accrochage avec eux, sont tombés dans une embuscade. L’enquête judiciaire initiée à Niamey devra faire toute la lumière sur cet aspect de l’opération franco-nigérienne.

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Premiers résultats de l’autopsie

Ensuite, deuxième aspect troublant : alors que le Premier ministre français François Fillon avait affirmé que « les preneurs d’otages (…) ont éliminé froidement les otages », il semble que seul l’un d’eux jeunes ait succombé à une blessure par balle, tirée à bout portant. Selon les premiers rapports de l’autopsie pratiquée à Paris, l’autre serait décédé à la suite de brûlures dans des circonstances encore non élucidées.

Les contradictions avaient commencé à se faire jours hier entre les thèses de Paris et Niamey, quand le ministre nigérien de l’Intérieur, Ousmane Cissé, avait affirmé qu’aucun terroriste éventuellement fait prisonnier pendant l’opération n’était interrogé par ses services, contrairement à ce qu’avait avancé Alain Juppé, le ministre français de la Défense. « Il n’existe pas de terroristes actuellement auditionnés par nos services, je suis très affirmatif, a-t-il déclaré. […] Je n’ai nullement l’intention d’entretenir une quelconque polémique. […] Nous n’avons pas encore reçu des autorités françaises des terroristes vivants. […] Si les autorités françaises ont l’intention de nous remettre d’éventuels terroristes vivants, nos services compétents, antiterroristes, sont prêts à les recevoir. »
 

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