Gel des avoirs américains de Laurent et Simone Gbagbo

Les États-Unis ont décidé de geler les avoirs du président sortant et de sa femme, Laurent et Simone Gbagbo, ainsi que de trois de leurs proches. Les Européens devraient rapidement suivre l’exemple américain.

Plus le temps passe, plus l’influence de Laurent Gbagbo diminue. © AFP

Plus le temps passe, plus l’influence de Laurent Gbagbo diminue. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 7 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

C’est une annonce dont on ne sait si elle aura beaucoup d’effets plus que symboliques, mais c’est certainement la preuve que le « royaume » de Laurent Gbagbo se rétrécit à vue d’œil. Jeudi, le département du Trésor américain a décidé de geler tous les avoirs détenus aux États-Unis par Laurent Gbagbo, sa femme Simone, et trois proches du président sortant. À savoir :  Désiré Tagro, présenté comme le directeur de facto du cabinet du président sortant ; Pascal Affi N’Guessan, le président du parti présidentiel (Front populaire ivoirien, FPI) ; et Alcide Ilahiri Djédjé, le ministre des Affaires étrangères de Gbagbo et ancien ambassadeur ivoirien à l’ONU.

Selon le communiqué du Trésor, un décret permet de prendre des sanctions financières contre ceux qui « présentent une menace pour la paix et le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ou qui agissent ou déclarent agir en leur nom ». Washington précise que tout Américain qui réaliserait des transactions financières avec les personnes sanctionnées s’exposerait à des poursuites judiciaires. Puis vient une attaque en règle : « Laurent Gbagbo continue de montrer qu’il dédaigne délibérément la volonté et le bien-être du peuple ivoirien. »

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"Isoler Gbagbo du système financier mondial"

Cette décision intervient juste après qu’un diplomate américain a – une dernière fois semble-t-il – tendu la main à Gbagbo en lui proposant l’exil sur le sol américain. Proposition rejetée par Djédjé en des termes sans équivoque, le 5 janvier : « Le président Gbagbo n’a pas besoin d’aller à Washington, il est bien là où il est, il restera là où il est. »

La diplomatie américaine espère que son action « isolera [Gbagbo] et son cercle proche, du système financier mondial et soulignera le désir exprimé par la communauté internationale de le voir quitter le pouvoir ». On attend désormais que l’Union européenne, qui a interdit de visas Gbagbo et plusieurs dizaines de ses proches (en tout 59 personnes), suive l’exemple américain. Un diplomate européen avait déjà indiqué le 31 décembre que le gel des avoirs du camp Gbagbo était en préparation.

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Pour Simone Gbagbo (ici le 4 janvier lors de l’investiture de son époux au palais présidentiel), le pouvoir, c’est bien plus qu’une simple élection.

© AFP

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Épreuve de vérité

Quoi qu’il en soit, l’épreuve de vérité semble se rapprocher pour le président sortant, dont l’autorité n’est plus reconnue par la communauté internationale. Dernière preuve de son influence en chute libre, les deux ambassadeurs britannique et canadien que Gbagbo a renvoyés jeudi n’ont pas obtempéré.

« Il est mis fin » aux accréditations en Côte d’Ivoire des ambassadeurs britannique Nicholas James Westcott et canadienne Marie-Isabelle Massip, indiquait un communiqué lu par le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello. Des décisions prises « en application du principe de réciprocité régissant les relations diplomatiques », précisait le texte – les ambassadeurs ivoiriens installés en Grande-Bretagne et au Canada ayant été renvoyés depuis fin décembre par ces pays – une procédure également en cours à Paris.

Mais les gouvernements britannique et canadien ont indiqué qu’ils ne reconnaissaient qu’un pouvoir : celui du président élu Alassane Ouattara. Et qu’ils ne retireraient pas leurs ambassadeurs en poste à Abidjan. « Le gouvernement britannique n’accepte la légalité des déclarations faites par d’autres [responsables politiques, NDLR] » que ceux du camp Ouattara, a déclaré hier à Londres un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. (Avec AFP)

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