L’opposition condamne la proposition gouvernementale d’un scrutin présidentiel à un tour

La proposition gouvernementale de passer à un seul tour pour le scrutin présidentiel de novembre prochain suscite une levée de bouclier dans les rangs de l’opposition au président Joseph Kabila. Le MLC de Jean-Pierre Bemba et l’UNC de Vital Kamerhe, notamment, la condamnent sévèrement.

Vital Kamerhe a vivement condamné l’éventualité d’un scrutin présidentiel à un tour. © Vincent Fournier, pour J.A.

Vital Kamerhe a vivement condamné l’éventualité d’un scrutin présidentiel à un tour. © Vincent Fournier, pour J.A.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 5 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Joseph Kabila commencerait-il à s’inquiéter pour sa réélection en novembre 2011 ? Le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole Lambert Mende, a proposé lundi que le scrutin présidentiel passe à un tour, contre deux actuellement. Une annonce qui a suscité une vive réaction de rejet de la part de l’opposition, Vital Kamerhe en tête.

L’ex-président de l’Assemblée nationale, qui a annoncé sa candidature le 14 décembre, a durement critiqué la proposition gouvernementale. « Changer les règles du jeu à la veille des élections paraît une démarche politique immorale et irresponsable qui frise la tricherie », a-t-il affirmé.

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Argument budgétaire "fallacieux"

Le principal argument du gouvernement est budgétaire. Le passage à un seul tour est « moins onéreux » – il coûterait 350 millions de dollars américains au lieu des 700 millions prévus mais il impliquerait une modification de la Constitution.

Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), 52 ans, juge cette explication « fallacieuse ». Selon lui, la communauté internationale pourrait prendre « en charge une grande partie du financement des élections » comme en 2006, a-t-il expliqué. « Le scrutin majoritaire à deux tours […] est le mieux indiqué pour un pays comme le nôtre avec ses 453 tribus », a ajouté Kamerhe.

Même critique au MLC

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Soupçonné par une partie de l’etablishment de se porter candidat pour mieux se rallier in extremis à Kabila, dont il fut l’un des principaux artisans de la victoire en 2006, Kamerhe ne perd pourtant pas la moindre occasion de jouer pleinement son rôle d’opposant. Il avait commencé par démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale, après avoir qualifié de « grave » l’entrée, en janvier de la même année, de troupes rwandaises dans l’est de la RDC pour une opération conjointe avec l’armée de Kinshasa contre les rebelles hutus rwandais.

Le parti de Jean-Pierre Bemba, le Mouvement de libération du Congo (MLC), a également rejeté la proposition du gouvernement, soulignant que « cela risque d’affecter la légitimité du président élu ». En revanche, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Étienne Tshisekedi, qui a fait un retour triomphal à Kinshasa le 8 décembre dernier après trois ans d’exil médical, ne s’est pas encore exprimé contre l’éventualité du passage à un seul tour.

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Reste que même au sein de l’alliance gouvernementale, le scrutin à un seul tour ne doit pas faire l’unanimité. Dans une interview à Jeune Afrique, le ministre du Plan Olivier Kamitatu, ancien proche de Bemba avant de créer son parti, l’Alliance pour le renouveau au Congo (ARC), avait affirmé que « en cours de match, on ne change pas les règles du jeu ». (Avec AFP)

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