Paris appelle ses ressortissants à quitter la Côte d’Ivoire

Le gouvernement français a appelé les Français installés en Côte d’Ivoire à rentrer temporairement en France, la situation devenant dangereuse. Laurent Gbagbo ayant une fois de plus durci le ton malgré la détermination de la communauté internationale à le pousser vers la sortie.

Le camp Gbagbo dénonce un complot occidental. © Reuters

Le camp Gbagbo dénonce un complot occidental. © Reuters

Publié le 22 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Une mesure de « précaution » et de « prudence », affirme François Baroin, le porte-parole du gouvernement : tous les ressortissants français demeurant en Côte d’Ivoire sont appelés à quitter « provisoirement » le pays où la crise politique se prolonge, ce mercredi 22 décembre.

« Bien que les ressortissants étrangers ne soient pas menacés jusqu’à présent il nous paraît nécessaire de redoubler de prudence, nous réitérons donc notre conseil consistant à différer les projets de voyage vers la Côte d’Ivoire […] Par mesure de précaution nous recommandons enfin à tous les Français qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d’Ivoire dans l’attente d’une normalisation de la situation », a déclaré François Baroin.

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Il sortait d’une réunion convoquée par Nicolas Sarkozy sur la situation en Côte d’Ivoire, avec le Premier ministre François Fillon ainsi que les ministres Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères), Alain Juppé (Défense), et le chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud.

Le Nigeria a, lui, choisi de faire évacuer les familles de ses diplomates en poste à Abidjan vers  Accra, « en raison de la tension croissante et des affrontements entre partisans » des deux camps, a indiqué le chef de la diplomatie nigériane Odein Ajumogobia. Le ministre a pris cette décision après un « incident » survenu au siège de la représentation diplomatique nigériane, où un obus a été découvert. « Personne n’a été blessé et nous ne savons pas s’il s’agissait d’une attaque délibérée ou d’un événement accidentel », a-t-il fait savoir mercredi, précisant que l’ambassade restait cependant ouverte.

Ces dispositions n’augurent rien de bon, après les différentes sanctions prises par la communauté internationale à l’égard du régime Gbagbo qui s’accroche au pouvoir.

Interdiction du territoire américain

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Les États-Unis ont en effet emboîté le pas à l’Union européenne et ont lancé une première salve de sanctions contre Laurent Gbagbo et ses proches, en leur interdisant l’accès au territoire américain. Et de prévenir que les prochaines restrictions seraient d’ordre économique, si le président sortant de la Côte d’Ivoire ne comprenait pas le message et refusait de se retirer au profit d’Alassane Dramane Ouattara, vainqueur dans les urnes et reconnu par la communauté internationale.

« Hillary Clinton [secrétaire d’État américaine, NDLR] a autorisé des sanctions contre les membres du gouvernement et du régime de Laurent Gbagbo, qui sont interdits de se rendre aux États-Unis », a affirmé mardi 21 décembre William Fitzgerald, sous-secrétaire d’État adjoint pour les Affaires africaines au cours d’une conférence téléphonique.

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Le porte-parole du département d’État Philip Crowley a précisé plus tard que l’interdiction visait bien Laurent Gbagbo. « Cette interdiction concerne un nombre significatif de personnes, non seulement le président et sa famille proche, mais aussi les membres de son gouvernement et ceux qui l’aident à se maintenir au pouvoir », a-t-il déclaré.

Alliance internationale contre Gbagbo

L’Union européenne avait, elle, annoncé lundi prendre le même type de restrictions contre Laurent Gbagbo en décrétant des interdictions de visas à son encontre ainsi que dix-huit de ses proches, dont son épouse Simone Gbagbo.

Washington « reste en contact avec les partenaires africains et les membres de l’Union européenne » pour résoudre la crise ivoirienne, a assuré William Fitzgerald, tout en saluant la « coopération très étroite avec la France sur la question ». « Le président Ouattara doit être chargé des affaires du pays », a-t-il poursuivi, se félicitant de l’unité de vue de l’ONU, de l’Union européenne, de l’Union africaine et de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Les États-Unis ont aussi évoqué la possibilité d’étendre l’interdiction à d’autres proches, excluant cependant les enfants qui étudieraient sur le sol américain en possession d’un visa étudiant. MM. Crowley et Fitzgerald ont par ailleurs mis en garde contre l’imposition de nouvelles sanctions, cette fois à caractère économique.

Ces sanctions, qui pourraient par exemple concerner un gel des avoirs bancaires des personnes visées, ne seraient pas dirigées contre la population ivoirienne, selon William Fitzgerald. « Toutes les options sont sur la table » même s’il n’est « probablement pas » question d’une opération militaire des États-Unis, a-t-il ajouté. (avec AFP)

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