Abidjan : sous le couvre-feu, la braise

Instauré par Laurent Gbagbo à la veille du second tour de l’élection présidentielle qui l’a opposé à Alassane Ouattara, le couvre-feu est enfin levé ce lundi. Mais il a compliqué la vie des Ivoiriens de la capitale économique, Abidjan, et compte-tenu de l’incertitude politique – la Côte d’ivoire a désormais deux présidents – la situation n’est pas près de s’améliorer. Reportage.

Pneus brûlés à Abidjan par des partisans d’Alassane Ouattara, frustrés de leur victoire. © AFP

Pneus brûlés à Abidjan par des partisans d’Alassane Ouattara, frustrés de leur victoire. © AFP

Publié le 5 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

« C’est fermé. Revenez demain. » Il est à peine 15 heures à Abidjan mais le vigile d’un centre commercial de la Riviera Golf, au quartier situé dans la commune de Cocody, refoule les clients qui viennent se garer dans le parking. Du samedi 27 novembre jusqu’à dimanche dernier, la Côte d’Ivoire a vécu sous le règne du « couvre-feu », du moins en dehors des zones contrôlées par l’ex-rébellion des Forces nouvelles, qui ont refusé de s’y soumettre.

À Abidjan, le couvre-feu a couru de 19 heures à 6 heures du matin. Les distances étant généralement longues entre les lieux de travail et les domiciles dans cette métropole de près de 5 millions d’âmes, les administrations, les commerces et les banques arrêtaient le travail en général bien plus tôt. Conséquence naturelle : l’économie tourne au ralenti. Et la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres, qui est levée ce lundi, n’a rien arrangé.

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Incertitudes

Pendants de nombreux jours, les ports et aéroports n’ont pas accueilli ni passagers ni marchandises. Les exportations de cacao, dont le pays est le premier producteur mondial, sont perturbées à quelques semaines des fêtes de Noël. Du coup, les cours ont grimpé d’environ 5 % à la bourse de Londres et de New York. À l’intérieur du pays, des recettes douanières et fiscales sont parties en fumées.

Que se passera-t-il désormais ? Court-on vers des affrontements militaires ? Qui va payer les salaires, dans cette situation où il y a « un pays et deux présidents »? Faut-il s’inquiéter de ce que les écoles françaises aient demandé à leurs élèves de rester à la maison, ce lundi ?

Dieu et internet comme recours

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Abidjan, la ville aux mille « maquis » (lieux de réjouissances nocturnes), n’a pas le cœur à la fête et n’en finit pas de se poser les mêmes questions. Les chaînes de télévision étrangères sont coupées, laissant à la Radio télévision ivoirienne (RTI) le monopole de l’audiovisuel, tandis que les quotidiens des deux bords continuent de sortir, chacun soutenant « son » président.

Les SMS sont coupés depuis vendredi dernier. Les mordus de politique s’accrochent donc au web pour avoir les dernières informations, regarder les télévisions internationales et se chamailler, souvent de manière vive, sur Facebook et Twitter. Quant aux croyants, ils s’en remettent à Dieu, multipliant les rassemblements de prière pendant la journée – les veillées funèbres et religieuses, qui font partie de la culture locale, n’étant pas possibles en ces temps de couvre-feu.

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