Christian Preda : « Des observateurs de l’UE ont reçu des menaces de mort »

Dans une interview exclusive à jeuneafrique.com, le chef de la mission des observateurs de l’Union européenne, Christian Preda, évoque les points de tension entre son institution et la Commission électorale indépendante (CEI), dont il a dénoncé « l’opacité » et les « obstructions » à plusieurs reprises depuis le premier tour de l’élection présidentielle.

Christian Preda s’inquiète de l’attitude de la CEI à l’égard des observateurs de l’UE. © D.R.

Christian Preda s’inquiète de l’attitude de la CEI à l’égard des observateurs de l’UE. © D.R.

Publié le 27 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Jeuneafrique.com : Y a-t-il eu une différence fondamentale entre la préparation du premier tour et celle du second ?

Christian Preda : Bien sûr. Il y a d’abord une différence étonnante dans la campagne. Le ton s’est durci, du moins jusqu’au débat télévisé entre les deux candidats. Il y a eu des confrontations dans les rues qu’on n’avait pas vues lors du premier tour. En ce qui concerne notre observation, il y a aussi un changement. Nos observateurs se sont vu refuser l’accès aux stages de formation des membres des bureaux de vote. Nous n’avons pas eu de garantie quant à la publication de procès-verbaux de dépouillement dans chaque bureau de vote. Il n’y a pas une procédure bien établie qui est mise en place et cela nous préoccupe. Par ailleurs, nous avons malheureusement enregistré un incident très regrettable dans la région très stratégique de Yamoussoukro. Nos observateurs ont reçu des menaces de mort, ce qui nous a poussés à les extraire de là-bas.

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Est-ce qu’on peut dire qu’il y a de vrais conflits de fond entre les observateurs de l’Union européenne et la Commission électorale indépendante (CEI) ? 

C’est surprenant, parce que nous avons un accord de coopération avec cette institution. C’est sur la base de cet accord que sous sommes en droit de suivre toutes les étapes. Quand nous voyons qu’ici ou là, nos observateurs sont empêchés de travailler et quand la Commission invoque leur supposée « arrogance », nous sommes un peu inquiets.

Vous avez dénoncé, lors du premier tour, la lenteur dans la proclamation des résultats. Comment l’analysez-vous, avec le recul ?

L’une des causes de ces retards est le manque de procédure clairement définie. Pour le second tour, une circulaire a été rédigée. Elle gère de manière très claire le traitement des procès-verbaux, des bureaux de vote au niveau national, en passant par les commissions électorales locales, départementales et régionales. Elle gère également le traitement et le suivi des bulletins ainsi que la gestion des résultats. C’est ce qui manquait au premier tour.

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L’atmosphère qui entoure le second tour est tendue. Comment éviter la catastrophe ?

L’attitude responsable des candidats lors du débat télévisé est un signe encourageant. J’espère qu’elle prévaudra à tous les niveaux. Il suffit pour cela qu’au-delà de l’expression du vote, les institutions fassent leur travail et que les candidats acceptent avec dignité le verdict des urnes, sans jouer le jeu de la défiance envers ces institutions.

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