Areva et Niamey se renvoient la responsabilité après les enlèvements

Le groupe nucléaire français et le gouvernement nigérien se sont renvoyé la responsabilité de la sécurité des expatriés dans la ville d’Arlit, où sept d’entre eux ont été enlevés jeudi. Paris a envoyé 80 militaires pour tenter de retrouver les otages.

Des employés sur le site de l’usine Somair, filiale de Areva, le 23 février 2005 à Arlit. © AFP

Des employés sur le site de l’usine Somair, filiale de Areva, le 23 février 2005 à Arlit. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 20 septembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Après le choc, les questions s’accumulent sur les responsabilités dans l’enlèvement de sept salariés (un Togolais, un Malgache et cinq Français) des groupes français Areva et Satom à leur domicile à Arlit, jeudi dernier.

Le porte-parole d’Areva, Jacques-Emmanuel Saulnier,  a reconnu lundi matin « un ensemble de complicités, de défaillances » dans l’enlèvement des sept expatriés.

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Des armes pour les agents de sécurité

Les critiques se sont focalisées sur le gardiennage des résidences des expatriés à Arlit par des hommes qui n’étaient pas armés. Le groupe Vinci, maison mère de Satom, dont cinq salariés ont été enlevés, a affirmé que les agents de sécurité privés n’étaient « pas autorisés » par la loi locale à détenir des armes.

Mais selon le gouvernement nigérien, l’une des causes de l’enlèvement est d’avoir confié la protection des expatriés à des sociétés privées. D’après son porte-parole, Laouali Dan Dah, les autorités avaient proposé à Areva de confier à l’armée « la sécurité de ses agents », mais l’entreprise « a fait le choix d’assurer la sécurité de son personnel ».

Le porte-parole d’Areva a fait une réponse en forme de démenti lundi matin, affirmant que la société n’avait « jamais refusé aucune aide d’aucune sorte ».
Dimanche, Areva avait affirmé qu’un accord avait été passé avec le gouvernement nigérien, qui était chargé d’assurer la présence de 350 gendarmes et militaires armés, à Arlit. Selon Laouali Dan Dah, les soldats sont seulement affectés à la protection des sites « stratégiques » d’extraction d’uranium.

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Premier avertissement du préfet d’Arlit

Début septembre, le préfet d’Arlit avait déjà alerté les autorités sur la situation sécuritaire, qui était « en train de se dégrader » d’après un courrier officiel obtenu par l’AFP. Il y évoquait notamment la présence d’une « colonne de 8 Toyota » appartenant à un « groupe armé » dans la zone le 23 août. Le préfet assurait que la « riposte » des forces nigériennes avait empêché audit groupe « d’enlever du matériel militaire et du personnel expatrié ».

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Ce ne sont pas les premières tensions entre la multinationale française et Niamey sur la question de la sécurité. Ces dernières années, l’ex-président Mamadou Tandja avait accusé Areva d’être liée avec la rébellion touarègue, encore active dans la région entre 2007 à 2009. L’année dernière, leurs relations s’étaient apaisées, avec la signature d’un accord d’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren.

80 militaires français à Niamey

L’enlèvement n’a pas pour l’instant pas été revendiqué, mais de forts soupçons pèsent sur Al-Qaïda au Maghreb islamique, très actif dans la région.

Après l’attaque conjointe d’un de ses groupes par les armées françaises et mauritaniennes au mois de juillet dans une opération, présentée par Paris comme celle de la « dernière chance » pour libérer l’otage français Michel Germaneau, plusieurs responsables d’Aqmi avaient directement menacé la France.

De son côté, le président français Nicolas Sarkozy avait semblé esquisser un changement de stratégie face au terrorisme dans la bande sahélienne estimant que « le paiement de rançon ou la libération de prisonnier ne [pouvait] pas être une stratégie durable ».

D’après plusieurs sources sahéliennes, la France vient d’installer une « base opérationnelle » de 80 militaires à Niamey pour tenter de retrouver les sept otages. « Ils ont déjà effectué dans la zone 21 heures de vols de reconnaissance, pour localiser les otages », d’après une source de l’AFP.

Interrogé dimanche sur l’hypothèse que la France engage une « action militaire » pour tenter de libérer ses otages, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, avait affirmé que Paris ferait « tout pour retrouver ses otages ». (Avec AFP)

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