Un congrès controversé place Jean-Pierre Fabre à la tête de l’UFC

Bravant interdictions et menaces, les partisans de Jean-Pierre Fabre au sein du principal parti d’opposition togolais, l’Union des forces de changement (UFC), ont tenu leur « congrès extraordinaire » hier. Pour destituer Gilchrist Olympio et le remplacer par leur leader.

Jean-Pierre Fabre, le 18 Février au siege de l’UFC à Lomé. © Jean-Claude Abalo, pour J.A.

Jean-Pierre Fabre, le 18 Février au siege de l’UFC à Lomé. © Jean-Claude Abalo, pour J.A.

Publié le 11 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Dans un communiqué de presse rendu public mardi 10 août au soir, l’Union des forces de changement (UFC, tendance Jean-Pierre Fabre) a indiqué que le congrès extraordinaire convoqué par le bureau national du parti a bien eu lieu, malgré les manœuvres d’intimidation et les entraves administratives et policières. Ledit document réitère l’exclusion de M. Gilchrist Olympio, et précise avoir mis en place un bureau de 68 membres, dirigé par Jean-Pierre Fabre.

« La tenue de ce congrès est pour nous une victoire, a expliqué à jeuneafrique.com Eric Dupuy, le chargé de communication du parti. Pendant que nous étions poursuivis par les forces de l’ordre, des congressistes se réunissaient à plusieurs endroits de la capitale pour étudier les statuts et les règlements du bureau national… »

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Dans la clandestinité

En clair, les partisans de Fabre, candidat malheureux à la présidentielle du 4 mars dernier, ont tenu clandestinement leurs assises, « en présence de 34 délégations de fédérations sur 40 », précise Jean-Claude Codjo Délava, jusque-là représentant du parti auprès de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), devenu secrétaire général de l’UFC.

« Nous laissons désormais Gilchrist Olympio dans une situation minable. Parce qu’il a lutté à nos cotés pendant toutes ces années pour la démocratie, et aujourd’hui, il soutient la dictature et le pouvoir en place, qui gaze et bastonne nos militants. Je ne sais pas s’il pourra encore présider un congrès au nom de l’UFC », soutient Éric Dupuy.

Olympio est vivement critiqué depuis le mois de mai par les partisans de Fabre pour avoir passé un accord avec des responsables du Rassemblement du peuple togolais (RPT, le parti au pouvoir). Au terme de cet accord, sept portefeuilles dont ceux des Affaires étrangères et de la Communication ont été octroyés à l’UFC.

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« Triste comédie »

Dans le camp d’Olympio, c’est un peu la méthode Coué. « Nous sommes sereins et ne nous laissons pas distraire par cette triste comédie », confie un proche d’Olympio. « C’est une aventure de boy-scouts sans lendemain, une fuite en avant. Nous avons désormais compris que ce que Fabre voulait faire, c’est un coup d’État, et ça a échoué », ajoute Isaac Tchiakpe, porte-parole d’Olympio, qui précise également que « l’exclusion de M. Fabre et de ses amis est une mesure qui peut être envisagée par notre congrès de jeudi ».

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« Je vois mal comment Fabre peut s’imposer comme représentant de l’UFC. Il n’en ni l’autorité, ni la légitimité. S’il veut être une UFC dans la clandestinité, c’est possible, ou s’il veut être une UFC virtuelle dans un pays de chimère, c’est son droit. Mais il doit savoir que la politique n’est pas un jeu dans une cour de recréation. Il faut qu’il grandisse un  peu », gronde encore Isaac Tchiakpe.

Même son de cloche du côté de l’administration, toute dévouée au chef de l’État Faure Gnassingbé. « Nous n’allons tolérer aucune ambivalence à la tête d’un même parti, tant que M. Gilchrist Olympio n’est pas officiellement destitué », confie une source proche du gouvernement.
 

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