Le vent du biodégradable emporte les sacs plastique

À partir du 1er juillet, les sacs en plastique seront bannis du Gabon. Seuls devront perdurer les sachets biodégradables ou recyclables. Une initiative qui n’est pas du goût de tous.

Sacs plastique non recyclables sur un marché, le 29 juin 2010 à Libreville. © AFP

Sacs plastique non recyclables sur un marché, le 29 juin 2010 à Libreville. © AFP

Publié le 1 juillet 2010 Lecture : 3 minutes.

Annoncée dès le mois de mars par le président gabonais Ali Bongo Ondimba (ABO), la directive environnementale qui introduit cette mesure radicale sera appliquée ce jeudi 1er juillet. Une véritable révolution, parmi d’autres, qui consiste à interdire l’usage de tous les sacs plastique non recyclables et non biodégradables. ABO avait présenté cette réforme en même temps que d’autres « mesures d’urgence », il y a quatre mois.

Selon les estimations approximatives de Marc Ona Essangui de l’ONG Brainforest, Prix Goldman de l’environnement 2009, chacun des 600 000 habitants de Libreville utilise en moyenne un sac en plastique par jour. « Ça donne une idée de ce que la nature doit endurer », déplore-t-il en soulignant que d’innombrables sachets polluent plages et mer, cours et plans d’eau, terrains vagues et égouts.

la suite après cette publicité

Même si elle a été « décidée sans concertation », c’est donc une « bonne mesure », relève l’association. « Il n’y a pas eu de sensibilisation, pas de mesures d’accompagnement », explique Marc Ona. « Qui nous assure que certains sachets étiquetés ‘biodégradables’ le sont vraiment ? Qui va contrôler les sacs ? Et la contrebande de sachets non-dégradables ? », s’alarme-t-il.

Effets négligeables sur la protection de certaines espèces

Et, déjà, les critiques fusent au sein de la population gabonaise, particulièrement remontée contre le coût de ces sacs d’un nouveau genre. « Aujourd’hui, j’achète 50 sachets pour 1 000 FCFA (1,5 euro). Quand je vends quelque chose pour 100 FCFA, j’offre le sachet. Si les sachets dégradables se vendent plus cher, comment je vais faire ? Les gens veulent des sachets plastique », plaide Amadou Sow, vendeur de rue sénégalais immigré au Gabon.

Pour les spécialistes, cette interdiction n’empêchera pas la menace qui pèse sur certaines espèces. En effet, selon un employé d’un organisme international qui s’exprime sous couvert d’anonymat, ces sachets, biodégradables en un an, resteront donc un temps dans la nature, avant de disparaître. « Ça veut dire par exemple que les tortues marines qui confondent méduses et sachets vont continuer à disparaître », regrette-t-il.

la suite après cette publicité

Mais pour d’autres, en revanche, c’est un premier pas important. Pour Mme Ogouliguendé, si la transformation des habitudes prendra certes du temps, elle n’est pas impensable. « Ces premières mesures vont sensibiliser consommateurs et producteurs. L’objectif à terme, c’est zéro sac plastique. Nos parents vivaient bien sans utiliser de sacs plastique, pourquoi ne serions-nous pas capables de nous en passer ? »

Ruée sur le business du sac dégradable

la suite après cette publicité

La clientèle des supermarchés et la population plus aisée ont déjà franchi le pas. « Nous sommes passés aux sachets dégradables dès que nous avons trouvé un fournisseur », affirme un représentant de Cecado, une des grandes surfaces de Libreville, qui distribue environ 3 000 sacs tous les jours.

Surfant sur cette nouvelle directive environnementale, la société Kaba Plastic se lance dans le recyclage. Alors qu’elle importe chaque année du Cameroun 15 tonnes de sachets plastique, elle a choisi de collecter les sacs usagés. « Nous avons mis en place des équipes de collecte dans les quartiers. Bientôt, nous aurons une machine qui recyclera les sachets ramassés » pour en faire des sacs-poubelle, précise son directeur, Amadou Kaba.

Chez SG Plast, qui fabrique elle-même ses sacs plastique, même rengaine. L’entreprise va désormais commercialiser un nouveau type de sac, dans la fabrication duquel est intégré un additif qui attaque la chaîne moléculaire du plastique. Celui-ci, baptisé « oxo-dégradable », devient ensuite assimilable par des micro-organismes, donc biodégradable. Pour la société, qui importe entre 37 et 50 tonnes de plastique par mois, il s’agit, pour booster les ventes, d’assurer la traçabilité des sachets, en toute transparence. « Bientôt, nos sacs porteront leur date de fabrication pour qu’on puisse juger de leur dégradabilité », explique son directeur, Farhat Fady. (avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires