Bombardement de Bouaké : ce qu’a dit Michèle Alliot-Marie à la justice

Entendue comme témoin par la juge d’instruction du tribunal aux armées de Paris sur le bombardement du camp militaire français de Bouaké, en 2004, l’ex-ministre de la Défense a avancé des arguments peu convaincants.

Michèle Alliot-Marie lors d’un point presse, le 7 novembre 2004 à Paris. © AFP

Michèle Alliot-Marie lors d’un point presse, le 7 novembre 2004 à Paris. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 9 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Le procès-verbal de l’audition de Michèle Alliot-Marie (MAM), le 7 mai, par la juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris, Florence Michon, a été révélé mardi 8 juin par l’hebdomadaire satirique Charlie hebdo. L’actuelle ministre de la Justice, qui s’exprimait comme témoin en vertu de sa fonction passée de ministre de la Défense lors de l’affaire du bombardement en 2004 du camp militaire de Bouaké, a donné une explication pour le moins peu crédible en ce qui concerne la non-audition de huit mercenaires biélorusses arrêtés peu après les événements.

« J’ai demandé pourquoi on n’avait pas essayé de les entendre et on m’a indiqué qu’il n’y avait pas de base juridique puisque pas de mandat d’arrêt international », a déclaré la ministre, selon le procès-verbal de l’audition. Une version « légaliste » que conteste vigoureusement l’un des avocats des familles des victimes du bombardement, Me Jean Balan.

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« Mécaniciens agricoles »

Selon lui, deux des mercenaires étaient les pilotes des deux avions Sukhoï-25 responsables du bombardement du 6 novembre 2004, qui a tué neuf militaires français, un civil américain, et blessé 38 soldats. Après les avoir arrêtés, les autorités togolaises les avaient « mis à la disposition » des services français, selon l’ancien ministre togolais de l’Intérieur, François Esso Boko. « J’ai effectivement appris cette présence un après-midi par un membre de mon cabinet » et « j’ai demandé que l’on essaye d’en savoir plus », a déclaré MAM. « Le lendemain on m’a dit qu’ils avaient été relâchés et de toute façon qu’il s’agissait de gens qui se présentaient comme des mécaniciens agricoles », a-t-elle ajouté. Mais ce n’est pas tout.

Autre difficulté pour MAM : justifier d’avoir remis aux autorités russes, sans les entendre, quinze Slaves arrêtés sur l’aéroport d’Abidjan peu après les faits… alors même que ces personnes étaient, selon plusieurs témoignages de militaires français versés au dossier, identifiées dès le début comme les techniciens de maintenance des appareils ! Argument de la ministre ? « Il pouvait être intéressant de connaître leur statut et leurs activités », a-t-elle concédé mais, selon elle, « aucune base juridique ne le permettait ».

Mais les propos de MAM n’ont pas convaincu les familles des victimes. Pour Me Jean Balan, « le pouvoir politique de l’époque au plus haut niveau a empêché de manière délibérée la justice de faire son travail » et « cette déposition en est la démonstration parfaite ».
 

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