Goodluck Jonathan, nouveau président du Nigeria

Goodluck Jonathan a prêté serment, jeudi matin, à Abuja. Désormais cinquième président civil de l’histoire du Nigeria, il aura à gérer plusieurs dossier épineux jusqu’à la prochaine élection, prévue en 2011.

Goodluck Jonathan lors de la cérémonie de prestation de serment, jeudi 6 mai 2010. © AFP

Goodluck Jonathan lors de la cérémonie de prestation de serment, jeudi 6 mai 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 6 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

« Moi, Goodluck Ebele Jonathan, jure solennellement et affirme que je serai fidèle et fais le serment d’allégeance à la République fédérale du Nigeria », a déclaré le nouveau président, vêtu d’un costume traditionnel bleu marine et de son habituel chapeau noir, devant la Cour suprême.

Son prédécesseur, Umaru Yar’Adua, décédé la veille des suites d’une longue maladie cardiaque, devait être inhumé plus tard dans la journée dans sa ville natale de Katsina, dans le nord du pays.

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Engagement à réformer le pays

Trois mois après son arrivée au pouvoir –il avait été nommé président par intérim début février – Goodluck Jonathan est donc installé dans le fauteuil de président du pays le plus peuplé d’Afrique. Devant le gouvernement qu’il avait lui-même récemment formé, il a affirmé « son total engagement envers la bonne gouvernance, la réforme électorale et la lutte contre la corruption qui sera poursuivie avec une plus grande vigueur ». Le président a aussi fait de la distribution d’eau, de l’électricité et de l’éducation ses priorités.

Un bien vaste programme, quand on connait la durée de son mandat : en vertu de la Constitution nigériane, il ne pourra présider le pays qu’un an environ (jusqu’à la fin du mandat de son prédécesseur) avant les prochaines élections générales, dont le calendrier exact n’a pas encore été publié.

Reprise en main

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Mais, profitant de la totale absence de Yar’Adua sur la scène politique ces derniers mois (même lui n’avait pu le rencontrer), il avait déjà repris en main certains dossiers.

Le président de la Commission électorale nationale, Maurice Iwu, déjà en place lors du scrutin très contesté de 2007, a ainsi été renvoyé la semaine dernière. Au pouvoir lors des prochaines élections générales, Goodluck Jonathan devra s’employer à donner confiance, pour éviter les contestations.

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Dans le secteur stratégique du pétrole (le Nigéria est le huitième exportateur mondial de brut), Jonathan a également procédé à des remaniements. Il y a un mois, il avait doté la puissante compagnie pétrolière nationale NNPC d’un nouveau patron, Shehu Ladan. Le ministère du Pétrole a aussi changé de mains à la faveur d’un remaniement ministériel, en avril. C’est Diezani Allison-Madueke, une femme issue, comme Jonathan, de la région pétrolifère du delta du Niger, qui a hérité de ce portefeuille crucial.

Goodluck Jonathan espère ainsi favoriser le retour à la stabilité dans cette région en proie à la coûteuse rébellion armée du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend), qui s’attaque notamment aux majors opérant dans le secteur.

Dissensions internes au parti

Au sein même de sa formation, le Parti démocratique du peuple (PDP), le nouveau président fait face à d’importantes divisions. Des dissensions publiques l’ont forcé à rappeler les troupes à l’ordre, la semaine dernière. Les prochaines élections, déjà en ligne de mire, aiguisent les appétits. Selon la règle du parti dominant, chaque président doit être issu, en alternance, du nord et du sud du pays, et doit effectuer deux mandats. Un sujet d’autant plus sensible que les tensions entre les groupes issus du Nord (musulman) et du Sud (chrétien) ont récemment donné lieu à des massacres dans la région de Jos (centre du pays).

Le « Nordiste » Yar’Adua n’étant pas allé jusqu’au terme de son premier mandat, la logique voudrait qu’un autre candidat du Nord soit investi lors du prochain scrutin. À moins que Goodluck Jonathan, poussé par ses partisans, ne prenne goût à la fonction.

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