L’opposition prend du poil de la bête

Les individus arrêtés lundi au Caire pour avoir voulu manifester ont été relâchés mercredi par les forces de l’ordre. Face à une opposition de plus en plus  active, les autorités semblent durcir le ton.

Arrestation d’un jeune militant pro-réformes au Caire, le 6 avril 2010. © AFP/Amr Ahmad

Arrestation d’un jeune militant pro-réformes au Caire, le 6 avril 2010. © AFP/Amr Ahmad

Publié le 8 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Mardi, alors qu’elles s’étaient regroupées au Caire pour manifester, plusieurs dizaines de personnes – 91 selon les organisateurs et des ONG internationales – ont été arrêtées par les forces de l’ordre avant d’être relâchées jeudi 8 avril. Pour la plupart, ces militants sontliés au groupe du 6-Avril, un mouvement de jeunes Egyptiens qui prône la levée de l’état d’urgence et la suppression des amendements à la Constitution. D’autres, moins nombreux, sont des partisans du principal opposant à Hosni Moubarak lors des élections de 2005, Ayman Nour.

Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a justifié ces arrestations mercredi par le fait que les manifestants appartiennent à un groupe « illégal », qu’ils n’avaient pas reçu l’autorisation de défiler, et que « dix officiers et individus avaient été blessés » lors des heurts consécutifs au rassemblement.
« J’ai été arrêté, interrogé, menotté et fouillé au corps avant d’être violemment battu par un soldat aux ordres d’un homme en civil », raconte Mohammed, un jeune manifestant libéré mardi soir qui a souhaité garder l’anonymat. « Les forces de l’ordre ont procédé à des arrestations en masse, de simples badauds se sont retrouvés dans la même cellule que moi », a-t-il précisé.

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"Une nouvelle ère"

Organisateurs, ONG et certains analystes redoutaient mercredi que ces brèves arrestations ne préfigurent une répression accrue de militants souvent proches de M. El-Baradei, devenu en quelques mois l’opposant le populaire du pays.

En effet, alors que se profilent les élections présidentielles, prévues en 2011, l’opposition se fait de plus en plus présente, les rassemblements populaires se multiplient. "Nous entrons dans une nouvelle ère", a estimé lors d’une conférence de presse Ahmad Saif, directeur du Hisham Mubarak Law Center, une association d’aide juridique. « Jusqu’à l’élection présidentielle, nous assisterons à un durcissement de la répression, à des arrestations arbitraires et les droits seront davantage bafoués. »

Une inquiétude que partage la communauté internationale. Les Etats-Unis se sont dits "très préoccupés" par les arrestations, et a demandé que le gouvernement égyptien fasse respecter la liberté d’expression. L’association Human Rights Watch a, pour sa part, dénoncé l’usage "d’une brutalité débridée à l’encontre des manifestants qui exigeaient la restauration de leurs droits fondamentaux".

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"Effrayer la jeunesse"

"C’est le noyau dur de la société égyptienne, c’est-à-dire la jeunesse, que l’on a souhaité étouffer et effrayer avec une telle violence", affirme de son côté Georges Ishaq, un des porte-parole de l’Assemblée nationale pour le changement, créée pour soutenir M. El-Baradei.

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Mohamed el-Baradei, ancien responsable de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix 2005, plaide pour une démocratisation du régime. S’il n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature, il s’est dit prêt à se présenter face au président sortant, mais dénonce les conditions draconiennes imposées par la Constitution aux candidatures n’émanant pas des partis établis.
 

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