L’UE pointe les irrégularités de la présidentielle

La mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) a présenté ce week-end un rapport dénonçant les irrégularités de la campagne pour l’élection présidentielle du 4 mars dernier au Togo. La manifestation de l’opposition prévue aujourd’hui a été interdite par le gouvernement.

A Lomé des manifestations de l’opposition ont été dispersées le 7 mars © AFP

A Lomé des manifestations de l’opposition ont été dispersées le 7 mars © AFP

Publié le 8 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

L’Union européenne, qui a financé le scrutin présidentiel du 4 mars dernier à hauteur de 9 millions d’euros, a également envoyé une mission d’observation électorale de 130 membres, dirigée par l’Espagnol José Manuel Garcia-Margallo y Marfil. Celle-ci a visité 657 bureaux de vote sur les 5 930 établis dans les 35 préfectures du territoire togolais, soit 11% du total. Il est donc trop tôt pour avoir son compte-rendu du scrutin, mais le rapport préliminaire qu’elle a rendu public le 6 mars révèle de nombreuses irrégularités présumées pendant la campagne présidentielle.

Faure Gnassingbé "appuyé par les moyens de l’État"
"Le candidat Faure Gnassingbé [Rassemblement du peuple togolais, RPT, NDLR] a disposé des moyens logistiques, de communication, les plus importants. Il s’est appuyé sur les moyens de l’État (affichage abondant, déplacement en hélicoptère…), apparemment au-delà des moyens impartis", indique le document de 12 pages.
La mission note également que le vote anticipé des forces de l’ordre et de sécurité, le 1er mars, fait l’objet de nombreuses suspicions. "Les traces d’encre indélébile sur les doigts des votants n’étaient pas vérifiées. Les problèmes sont concentrés dans le septentrion du pays, à savoir, la région de la Kozah et des Savanes (zones acquises au RPT, NDLR) où les procédures encadrant le vote par dérogation et par procuration n’ont pas été respectées", précise le rapport.
Par ailleurs, le fichier électoral a progressé de 10 %, ce qui fait un total d’environ 320 000 inscrits. Une inflation surprenante, "en l’absence de données démographiques fiables", s’alarme l’UE.
En ce qui concerne, l’opposition, les observateurs de l’UE notent qu’elle s’est retrouvée affaiblie pour trois raisons : non-participation du leader de l’Union des forces de changement (UFC), Gilchrist Olympio, à la campagne électorale ; soutien tardif de ce dernier au candidat de l’UFC, Jean-Pierre Fabre ; et difficultés d’une candidature unique de l’opposition.

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Manifestation interdite
Toutefois, la mission de l’UE se garde bien de porter un jugement définitif sur l’ensemble du processus électoral. Elle "ne tirera pas de conclusions finales avant l’achèvement de la centralisation et l’annonce des résultats". Le rapport final sera publié environ deux mois après la fin du traitement des contentieux éventuels sur les résultats de l’élection. Il ne devrait avoir que peu d’impact sur l’évolution de la situation politique actuelle.
La date prévue pour l’investiture du chef de l’Etat est le 4 mai. Selon les résultats provisoires annoncés le 6 mars, le président sortant et candidat du  RPT, Faure Gnassingbé, serait largement réélu avec 60,92 % des voix, contre 30,94 % pour son principal rival Jean-Pierre Fabre (UFC). Après la manifestation réprimée dimanche par les forces de l’ordre, celui-ci a appelé ses militants à une autre marche pacifique mardi. Celle-ci a été interdite lundi soir par le gouvernement et les Togolais croisent les doigts pour que le scénario de 2005 (400 à 500 morts selon l’ONU) ne se reproduise pas.

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