En attendant les résultats provisoires ce soir, Lomé retient son souffle

La revendication de la victoire à la présidentielle togolaise du 4 mars par les camps des deux principaux candidats Jean-Claude Fabre (UFC) et Faure Gnassingbé (RPT) a créé la psychose chez les habitants de la capitale. Des résultats partiels et non-officiels donnaient une faible avance à Faure Gnassingbé en fin d’après-midi.

Le Président de la Ceni, Issifou Taffa Tabiou, lors de son point presse le 5 mars à Lomé © Jean-Claude Abalo pour J.A.

Le Président de la Ceni, Issifou Taffa Tabiou, lors de son point presse le 5 mars à Lomé © Jean-Claude Abalo pour J.A.

Publié le 6 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Lomé, ville fantôme. Pour les habitués des bars et de la vie nocturne, c’est raté. Depuis vendredi soir et la revendication de la victoire à la présidentielle par les deux principaux candidats – Faure Gnassingbé du Rassemblement du peuple togolais (RPT) et Jean-Pierre Fabre de l’Union des forces de changement (UFC) – les habitants de Lomé sont sur le qui-vive. Tout le monde vit dans la crainte de violences électorales. Et les quelques passants qui circulent encore dans les rues le font avec grande prudence. « Ça fait peur de ne pas voir les gens, confie Koffi Ati, conducteur de taxi-moto. Mais on ne peut pas mourir de faim à cause des politiciens. Alors je glane quelques sous en faisant très attention ».

« J’ai très peur, nul ne sait ce qui peut arriver »
Samedi matin, même topo. De nombreux débits de boissons, boutiques et petits commerces restent fermés. Au grand marché de Lomé et à celui de Hédzranawoé (périphérie nord de la capitale), les étalages sont dépourvus de toutes marchandises. « La façon dont les choses se passent n’augure rien de bon. Je n’ai pas envie de risquer ma vie », confie une « Tanty Anny », commerçante assise à coté de sa maison du quartier Kodjoviakopé. A ses cotés, l’une de ses amies opine. « Ce qui se passe n’a rien à envier au scenario de 2005 [les violences avaient fait 400 à 500 morts selon l’ONU]. J’ai très peur, nul ne sait ce qui peut arriver dans les prochaines heures », dit cette dernière.

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L’ambiance s’est tendue dans la soirée : la plupart des commerces se sont fermés, tandis que des policiers prenaient le contrôle des principaux carrefours de la capitale. Plusieurs centaines de jeunes attendaient devant le siège de l’UFC, en s’échauffant parfois. "Il faut que Fabre passe, sinon ça va être le feu à Lomé, sinon on va brûler le pays!", a déclaré l’un d’eux à l’AFP.

Résultats partiels annoncés
Des chiffres partiels, mais non officiels, portant sur 20 des 35 des circonscriptions électorales, auraient été dévoilés à l’agence de presse en fin d’après-midi par un assesseur de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Selon cet homme, qui s’exprimait lors d’une séance de compilation des résultats ouverte à la presse, Faure Gnassingbé aurait environ 100 000 voix d’avance sur Jean-Pierre Fabre après le dépouillement de 1 185 542. 3,2 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes jeudi. La faible affluence dans les bureaux de votes laissait anticiper un faible taux de participation.

Le président de la Ceni, Issifou Taffa Tabiou, a annoncé vendredi soir à Lomé que les résultats provisoires seraient annoncés au plus tard cette nuit.

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