L’opposition « ne reconnaît plus » le président Laurent Gbagbo

Pour l’opposition ivoirienne, la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante, le 12 février, constitue « un véritable coup d’Etat », selon une déclaration lue par Alphonse Djédjé Mady, président du directoire du RHDP. Le camp présidentiel se contente de réaffirmer « son attachement à l’accord de Ouagadougou ».

Alphonse Djédjé Mady (RHDP) et Henri Konan Bédié (PDCI) © AFP

Alphonse Djédjé Mady (RHDP) et Henri Konan Bédié (PDCI) © AFP

Publié le 13 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Annoncée par un discours du président Laurent Gbagbo à la télévision nationale, la double dissolution est "antidémocratique et anticonstitutionnelle" et "constitue un véritable coup d’Etat", a accusé l’opposition réunie dans le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), selon une déclaration lue à Abidjan par le président du directoire, M. Alphonse Djédjé Mady. Celui-ci accuse le chef de l’Etat de vouloir "confisquer le processus électoral."
En conséquence, le RHDP "ne reconnaît plus Monsieur Laurent Gbagbo comme le Chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. Le RHDP déclare nulles et de nuls effets les décisions de dissolution de la Commission électorale indépendante (CEI) et du gouvernement. Le RHDP ne reconnaîtra ni la nouvelle CEI, ni le nouveau gouvernement en formation. »
Enfin, l’opposition "appelle les Ivoiriennes et Ivoiriens, les forces politiques et sociales, la société civile, les travailleurs de Côte d’Ivoire, les opérateurs économiques à se mobiliser et à s’opposer par tout moyen à cette dictature".
"Vide institutionnel, administratif et politique"
La Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) a elle aussi réagi à la double dissolution, en condamnant "un vide institutionnel, administratif et politique qui fragilise davantage la Côte d’Ivoire." Elle "proteste vigoureusement contre cette mesure abusive" et "s’interroge sur la pertinence de l’invocation de l’article 48 de la Constitution comme base juridique de la dissolution d’une institution républicaine telle que la CEI.
Toutefois, elle préconise, comme le camp Gbagbo, la mise en place d’un gouvernement restreint de 20 membres « dont la principale mission sera d’accélérer le processus de sortie de crise en cours sans compromettre les acquis ».  Elle recommande aussi d’intégrer la société civile au sein d’une CEI reconstituée.
De son côté, le directeur de cabinet de la Direction nationale de campagne du président Gbagbo, Alphonse Voho Sahi, a détaillé les motivations de son patron. «  Le chef de l’Etat a réaffirmé dans son adresse à la nation son attachement à l’Accord politique de Ouagadougou auquel il souhaite donner une nouvelle impulsion. Car, dans son application quotidienne, ce processus de paix est pris en otage par les politiques qui ne permettent pas aux institutions d’avancer correctement dans sa mise en œuvre", a-t-il déclaré.
Alphonse Voho Sahi a également précisé les contours et les objectifs du futur gouvernement. Celui-ci devrait avoir "pour principale mission de travailler à l’organisation rapide des élections. Ce sera un gouvernement de mission, d’un maximum de 15 membres(…). Nous sommes heureux de la reconduction du Premier ministre, Guillaume Soro, auquel le président a renouvelé sa confiance »
Enfin, pour Liliana Lombardo, chargée de mission à la présidence et amie du couple présidentiel, « la situation ne pouvait plus durer. (…) Ce gouvernement de Marcoussis était un puits de magouilles, d’enrichissements personnels au détriment du pays et du peuple, précise t-elle. Il était temps de donner un coup de pied dans la termitière de l’égoïsme humain ! Laurent Gbagbo l’a fait. Tant mieux. Augurons maintenant que le changement sera bénéfique et que l’on ira à des élections propres et loyales dans la sécurité retrouvée.
 

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