Jacques Chirac contre l’extinction de voix

 © Vincent Fournier / Jeune Afrique

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Publié le 13 octobre 2009 Lecture : 1 minute.

On connaissait la passion de Jacques Chirac pour les arts premiers. La dimension linguistique de cet héritage culturel est également au cœur des préoccupations de l’ancien président français. Le 6 octobre, au Musée du quai Branly, à Paris, il a présenté les activités de sa fondation au service de la préservation des langues rares, initiées dans le cadre du « programme Sorosoro »*.

Les chiffres sont éloquents. Chaque année, une centaine d’idiomes disparaissent, sur les 6 000 encore parlés aujourd’hui. D’ici au milieu du XXIe siècle, c’est la moitié de la diversité linguistique universelle qui est menacée. La « fracture numérique » – un thème également cher à Jacques Chirac – constitue un facteur aggravant, puisque plus de 90 % des contenus diffusés sur Internet le sont en une douzaine de langues.

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Plus de cinq cents autres, pratiquées par une centaine de personnes seulement, sont menacées à très court terme. Comme le sorosoro (dont le nom signifie « souffle, parole ») qui n’est plus parlé que par une dizaine de personnes au Vanuatu, dans le Pacifique. Ou le punu, au Gabon (100 000 locuteurs), qui pourrait ne pas résister aux mouvements migratoires.

Au-delà de son aspect culturel, la défense de la diversité linguistique peut se révéler précieuse dans la transmission des savoirs ancestraux. Les principes actifs de plus des deux tiers des médicaments (comme l’extrait de quinine, pour lutter contre la malaria) sont issus de la flore et la connaissance de cet univers disparaît souvent avec les civilisations. « L’idée selon laquelle l’existence d’une seule langue apporterait la paix est un mythe absolu », estime le linguiste David Crystal. Dans le sillage de l’Unesco, « Sorosoro » travaille à une « encyclopédie numérique des langues » visant à graver cette tradition orale sur tous les supports (vidéo, audio et informatique) et à l’offrir sur Internet à travers « une télévision des langues ».

(*) www.sorosoro.org

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