Le détail des biens présumés mal acquis de Bongo, Sassou et Obiang

Le doyen des juges d’instruction de Paris a jugé recevable une plainte déposée contre trois chefs d’Etat africains accusés d’avoir détourné des fonds publics pour s’offrir en France de luxueux biens, notamment immobiliers. Point sur les acquisitions présumées d’Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang Nguema.

Publié le 7 mai 2009 Lecture : 3 minutes.

Nouveau rebondissement dans l’affaire des « biens mal acquis ». La doyenne des juges d’instruction du pôle financier de Paris, Françoise Desset, a jugé recevable mardi une plainte visant les présidents gabonais Omar Bongo, congolais Denis Sassou Nguesso et équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema.

Transparence Internationale France avait porté plainte le 2 décembre 2008 contre les trois chefs d’Etat africains, les accusant d’avoir utilisé des fonds publics pour s’offrir de prestigieux biens immobiliers et des voitures de luxe. Ils auraient par ailleurs ouvert des comptes dans des banques comme la BNP, la Société Générale, le Crédit du Nord et la Banque de France.

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Habitations, comptes, voitures

Qui est accusé de posséder quoi et où ?

Selon l’enquête préliminaire citée par Transparence Internationale France, Omar Bongo et ses proches jouissent de 39 habitations, dont la majeure partie est située dans le chic XVIe arrondissement de Paris. Il est entre autres question d’un hôtel particulier et de quatre appartements. Omar Bongo et sa famille comptabiliseraient aussi 70 comptes bancaires et 9 voitures.

Le site de l’hebdomadaire français L’Express rapporte que la collection de véhicule est bien plus importante. « Selon la police, précise-t-il, la famille Bongo possédait à elle seule, à la date du 12 juillet 2007, deux Ferrari, six Mercedes, trois Porsche, une Bugatti et quelques autres véhicules. »

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Au cours de son enquête préliminaire, la police a recensé 24 appartements et 112 comptes bancaires pour Denis Sassou Nguesso et les siens. Le président congolais possèderait dans les Yvelines un hôtel particulier de 700 m2, dont la valeur serait comprise entre 5 et 10 millions d’euros, et un appartement dans le VIIe arrondissement de la capitale française. Ses proches auraient des propriétés dans la région parisienne.

Le quotidien Ouest-France évoque plutôt « dix-huit propriétés en France. Quant aux voitures, leur parc compte des Aston Martin, Ferrari, Bugatti, Maybach, Mercedes… ».

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La famille Teodoro Obiang Nguema se serait, pour sa part, offert 8 voitures de luxe et un appartement. Le fils du président équato-guinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, serait le plus dépensier. « Les enquêteurs, indique L’Express, ont identifié huit voitures à son nom, acquises entre 1998 et 2007 en France: deux Ferrari, une Maybach 62, deux Bugatti Veyron, une Rolls-Royce (Phantom limousine), deux Maserati. Le montant total ? 4 213 618 euros. »

Le Congo et le Gabon réagissent

Le Congo et le Gabon ont réagi à la décision de la juge Françoise Desset. « Le Congo est surpris de la décision de la doyenne des juges d’instruction, une décision qui est contradictoire à celle du parquet de Paris. (…) De toutes les façons, il n’y a rien de concret dans cette affaire et il n’y aura rien de concret juridiquement », a déclaré à la presse à Brazzaville le porte-parole du gouvernent congolais, Alain Akouala Atipault.

« Il y a là quelque chose de suspect, suspect de néocolonialisme », a pour sa part expliqué maître Jean-Pierre Versini, avocat de Denis Sassou Nguesso, en soulignant que les suspects sont des « chefs d’États de l’Afrique francophone ».

Maître Patrick Maisonneuve, avocat de la République du Gabon, estime quant à lui que « le fond n’est absolument pas abordé par la justice ». Et de conclure : « Omar Bongo est président de la République du Gabon et, aujourd’hui, la justice française n’autorise pas les poursuites à l’égard du chef de l’État ».

La décision de la juge Françoise Desset, qui a rejeté la plainte du citoyen gabonais Grégory Ngbwa Mintsa, ouvre la voie à une information judiciaire pour « recel de détournement de fonds publics », « blanchiment », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ».

Le parquet de Paris avait rejeté en novembre 2007 et septembre 2008 des plaintes simples portant sur les mêmes accusations. Il a cinq jours à compter de mardi pour faire appel.

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