Questions sur une rançon
L’euphorie qui a suivi la libération des otages autrichiens enlevés par Al-Qaïda au Maghreb, le 22 février dans le sud de la Tunisie, puis détenus depuis dans la région de Kidal, dans le Nord-Mali, a pâti du mystère qui entoure la contrepartie financière (5 millions d’euros, dit-on) versée aux ravisseurs. Le 1er novembre, à Bamako, Wolfgang Ebner et Andrea Kloiber, les deux otages, ont été solennellement « remis » à Ursula Plassnik, chef de la diplomatie autrichienne. Après s’être félicité de ce dénouement heureux, le président Amadou Toumani Touré a juré que son pays n’avait versé aucune rançon, encore moins monnayé sa médiation, avant de rendre hommage aux notables et élus locaux impliqués dans celle-ci. Pourtant, dès le lendemain, plusieurs titres de la presse indépendante algérienne, notamment le quotidien francophone Liberté, ont vertement reproché à ATT d’avoir négocié avec les ravisseurs salafistes et consenti à leur faire parvenir la rançon versée par la Fondation Kadhafi, que dirige Seif el-Islam, fils du « Guide » de la Jamahiriya. Toujours selon la presse algérienne, le principal négociateur aurait été Iyad Ag Ghali, ancien patron de l’Azawad, la rébellion touarègue des années 1990, et actuel consul du Mali à Djeddah. Pourquoi cette offensive en règle contre ATT ?
Il faut se souvenir que trente-deux otages occidentaux enlevés en Algérie en février 2003 avaient été libérés dans les mêmes conditions, quelques mois plus tard, dans la même région du Nord-Mali. À l’époque, la médiation avait été conduite par Iyad Ag Ghali. Le paiement d’une rançon avait été officiellement démenti, mais on sait aujourd’hui qu’il a bel et bien eu lieu. Cet argent avait même permis à Al-Qaïda d’acheminer des armes dans les maquis de Kabylie. Bref, les Algériens sont convaincus qu’ATT a récidivé. En dépit de ces attaques, celui-ci n’a pas manqué d’adresser à Bouteflika, « le plus Malien des Algériens », un message de félicitations à l’occasion de l’anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, le 1er novembre.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Le Niger rompt sa coopération militaire avec les États-Unis
- Les piliers d’Alain Ebobissé, bâtisseur de projets made in Africa pour Africa50
- Ali Bongo évincé du PDG : quand le parti renie celui qu’il a adoré
- Cinq intellectuels africains qui bousculent le prêt-à-penser
- Ni Chine, ni Russie : les investisseurs préférés de l’Afrique viennent d’Europe, affirme une étude