La TFCE avance sur un fil

Le groupe textile, qui exporte toute sa production, n’a pas souffert de la révolution tunisienne. S’appuyant sur sa réactivité et sur sa proximité avec l’Europe, il a su conserver la confiance de ses clients. Pour l’instant.

Publié le 5 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Des pans entiers de l’économie tunisienne sont à la peine sous l’effet de la révolution. Toutefois, certains secteurs, comme le textile, tirent leur épingle du jeu. Il affiche ainsi une croissance d’environ 8 % par rapport à 2010. Cette performance tient au fait que, « contrairement au tourisme, la filière textile est à l’écoute de ses donneurs d’ordres et a veillé à sa mise à niveau pour s’adapter à la forte concurrence internationale », juge Nabil Skhiri, conseiller en investissement. C’est le cas de la Tuniso-Française de commerce extérieur (TFCE).

Cette société tunisenne d’exportation fondée en 1990 est devenue un modèle de groupe textile intégré qui englobe pas moins de quinze entreprises et est orienté vers l’exportation dans l’habillement féminin (filature, teinture sur fil, tricotage rectiligne ou circulaire, confection maille ou chaîne et trame, finissage sur tissu maille, teinture, délavage et effets spéciaux sur pièces finies). Muet sur le chiffre d’affaires, le directeur général, Nafâa Ennaifar, précise juste que les ventes de la TFCE ont progressé de 7,5 % l’an passé, au rythme de l’évolution du marché.

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Turn-over

« Avec la complémentarité et l’intégration de nos activités, nous proposons des collections toute l’année », explique-t-il. Au total, 1 500 salariés produisent plus de 6 millions de pièces de prêt-à-porter par an, dont 50 % sont des commandes de marques européennes, notamment françaises, telles que les 3 Suisses, les Galeries Lafayette, Promod, Camaïeu ou La Redoute. Mais la collection développée en propre demeure le cœur de métier du groupe.

La TFCE propose de nouveaux modèles chaque semaine. Outre sa réactivité, l’entreprise joue de sa proximité géographique avec le marché européen. Un délai d’échantillonnage moyen de dix jours et une livraison sous six semaines sont ses atouts pour coller aux tendances du marché. « Pour le client, l’équation est simple : si le produit est bon et que la performance est là, il revient, affirme Nafâa Ennaifar. En matière de mode, adapter l’offre au turn-over de la demande est essentiel. Nos clients sont assurés de vendre en rééquilibrant leurs achats à partir des pays de proximité pour avoir le bon produit au bon moment. Ils courent moins de risques.

Troubles sociaux

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Depuis la révolution, le directeur général constate toutefois la frilosité et la prudence des donneurs d’ordres face à un environnement social tunisien qui n’est pas encore revenu au calme. « La révolution a eu du bon en permettant de créer de nouvelles relations entre direction, personnel et syndicats face aux ennemis communs que sont la précarité et le chômage. L’instauration d’un dialogue ouvre sur une approche plus responsable, avec une prise en compte des vrais enjeux et des défis. Cependant, les désordres ne peuvent plus durer. Les commandes se font au compte-gouttes.

La récréation est finie, il faut sauvegarder nos entreprises, préserver l’emploi et produire. Pour cela, il faut une action vigoureuse du gouvernement et de la société civile pour faire cesser les troubles sociaux », suggère Nafâa Ennaifar. Ce climat incertain pèse sur les investissements et empêche le secteur de profiter pleinement de l’augmentation des prix du textile en Chine, principal concurrent, pour accroître sa présence sur les marchés de proximité. Il freine en outre le développement de l’emploi qualifié dans le secteur, alors que chaque création de poste y revient à 2 500 euros contre 25 000 euros dans l’industrie manufacturière. 

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