Économie : touchée, mais pas coulée

La machine peine à se relancer. Pourtant, la croissance devrait repartir rapidement à la hausse, notamment grâce aux industries exportatrices.

Julien_Clemencot

Publié le 19 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Alors que la saison estivale est déjà entamée, les dernières illusions s’envolent. Rien ne pourra, cette année, sauver le bilan du secteur touristique (7 % du PIB). Les hôtels tournent au ralenti et les pertes financières par rapport à 2010 seront supérieures à 50 %. Il ne faut pas pour autant céder à la sinistrose : l’économie tunisienne est touchée, mais pas coulée.

Parmi les motifs de satisfaction, Bertrand Furno, chef du service économique de l’ambassade de France en Tunisie, note les bons résultats des entreprises exportatrices (35 % du PIB). Ainsi l’industrie mécanique et électrique, sous-traitante des constructeurs automobiles, a vu ses revenus augmenter de 24,3 % sur les cinq premiers mois de 2011 par rapport à 2010.

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L’industrie textile a quant à elle vu ses volume exportés progresser de 14,7 % en juin et de 10,9 % sur les six premiers mois de 2011, selon le Centre technique du textile (Cettex). D’autres secteurs envoient des signaux positifs, comme les services informatiques, ou l’aéronautique avec la poursuite du programme de développement d’Aerolia, l’annonce de recrutements chez Zodiac Aerospace ou l’installation prochaine du sous-traitant Figeac Aero.

Projets maintenus

Autant d’indices montrant que les multinationales continuent de voir la Tunisie comme une plate-forme de production offshore privilégiée. Si les investissements directs étrangers ont chuté d’environ 25 % par rapport à 2010, ils ne se sont en effet pas effondrés comme en Égypte. « Il y a un peu d’attentisme. Les décideurs veulent plus de visibilité, notamment sur le plan politique. Mais les projets lancés avant le 14 janvier ont été maintenus », indique Bertrand Furno.

Une image préservée en grande partie grâce à la qualité des prestations des entreprises sous-traitantes au plus fort de la crise. « Nous ne nous sommes véritablement arrêtés qu’une heure », explique Mehdi Tekaya, président de la société informatique Oxia. Nombre de patrons saluent le comportement exemplaire de leurs salariés, dont certains ont protégé physiquement leur outil de travail.

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La réputation du pays aurait pu pâtir des conflits sociaux nés après le départ de Ben Ali. Mais, là aussi, les choses sont rentrées dans l’ordre, y compris dans les entreprises perturbées par de forts mouvements de contestation (Compagnie des phosphates de Gafsa, Tunisie Télécom…). Quant aux augmentations de salaires négociées en mai au plan national entre le syndicat et le patronat, elles sont restées mesurées (entre 4,5 % et 5 %) et ne devraient pas handicaper le pays face à la concurrence étrangère. Mieux, elles contribueront à maintenir la consommation des ménages, un élément déterminant pour relancer l’économie. L’excellente campagne agricole (un secteur qui pèse 10 % du PIB), avec 20 millions de quintaux de céréales attendus, apportera sur ce point un coup de pouce bienvenu, notamment dans les régions intérieures.

L’espoir pourrait aussi venir de Tripoli. Certes, le conflit ampute la Tunisie d’une partie de ses débouchés (les exportations vers la Libye ont chuté de 32 % en valeur entre janvier et avril), mais tout pourrait changer si le voisin choisit la voie de la démocratie après la chute de Kaddafi. « Une opportunité pour faire redémarrer la croissance tunisienne », estime Bertrand Furno.

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