Chine : Les « princes rouges »

Une nouvelle génération de dirigeants s’apprête à prendre les rênes du pouvoir. Beaucoup sont les rejetons d’anciens dignitaires maoïstes.

L’étoile montante du parti communiste chinois, Bo Xilai. © Jason Lee/Reuters

L’étoile montante du parti communiste chinois, Bo Xilai. © Jason Lee/Reuters

Publié le 22 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

C’est l’étoile montante du Parti communiste chinois (PCC). Bo Xilai, le « Monsieur Propre » de la ville-province de Chongqing (centre), est l’artisan de la campagne qui, ces derniers mois, a transformé cette gigantesque mégalopole de 34 millions d’habitants – la plus grande du monde – en laboratoire de la nouvelle gauche.

Catapulté en 2007 dans ce far west chinois en tant que chef du PC local, il a, sans ménagement, fait le ménage : chasse aux ripoux du Parti et aux mafias qui gangrènent la ville, procès expéditifs façon Révolution culturelle et obligation pour les télévisions de diffuser des programmes communistes d’un style qu’on croyait révolu. Résultat : plus de deux mille arrestations et de retentissantes condamnations à mort, dont celle de Wen Qiang, le chef de la police judiciaire locale. Quant à la télévision régionale, elle a été rebaptisée « première chaîne rouge de Chine ». Tout un programme !

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Tout-puissant

Bo est le fils de Bo Yibo, l’un des chefs révolutionnaires des temps héroïques, l’un des « huit immortels » du PCC. À bientôt 62 ans, cet ancien ministre du Commerce (2004-2007) s’efforce de faire revivre la période faste du maoïsme.

En octobre 2012, lors du 18e congrès du Parti, la Chine se dotera d’une nouvelle direction et d’un nouveau gouvernement. Bo Xilai ne fait pas mystère de son ambition d’entrer au Politburo, ce saint des saints de la politique chinoise, dont sept membres sur neuf doivent être renouvelés.

Dans un pays où la classe dirigeante a tendance à faire profil bas depuis plusieurs années, il joue à fond la carte médiatique. Le moins que l’on puisse dire est que son parcours ne passe pas inaperçu dans le monde feutré de la politique chinoise, où il est déjà surnommé l’« étoile rouge »

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Car la nouvelle génération qui s’apprête à prendre les rênes de la deuxième économie mondiale marche avec assurance sur les pas de Mao Zedong. Ces « princes rouges » sont les enfants des dirigeants historiques de la révolution. Leur rêve : restaurer la grandeur chinoise perdue. Leur obsession : reprendre le pouvoir. Bo Xilai, par exemple, se verrait bien en haut de l’affiche aux côtés de Xi Jinping, le probable futur président, et de Wang Qishan, l’actuel vice-Premier ministre.

« Fils de » et va-t-en-guerre

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Tous trois sont proches de l’Armée populaire de libération (APL). Ce sont des hommes d’appareil, néomaoïstes et va-t-en-guerre. On se souvient du coup de gueule de Xi Jinping lors d’une visite au Mexique, en 2009 : « Des étrangers au ventre plein et qui n’ont rien de mieux à faire se complaisent à nous montrer du doigt. Primo, la Chine n’exporte pas la révolution. Secundo, elle n’exporte ni la famine ni la pauvreté. Tertio, elle ne se mêle pas de vos affaires

Une alliance entre Xi Jinping et Bo Xilai placerait cette nouvelle garde rouge sur orbite. Les deux hommes se connaissent bien : ils sont issus du même moule familial et politique. Le premier a récemment rendu visite au second, à Chongqing. Une manière de valider sa politique et, peut-être, de conclure avec lui un accord dans la perspective de 2012.

Mais les jeux sont encore loin d’être faits. Les « princes rouges » devront notamment compter sur l’opposition des cadres issus de la Ligue de la jeunesse communiste, comme Li Keqiang, probable futur Premier ministre et réputé plus ouvert.

Il n’empêche : dans ce théâtre d’ombres qu’est la politique chinoise, la scène a de sérieuses chances de virer au rouge.

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Stéphane Pambrun, à Pékin

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