Agroalimentaire : la Belle a la patate

La Belle de Guinée a conquis le marché intérieur et séduit les consommateurs des pays voisins. Success-story de la pomme de terre star du Fouta-Djalon.

Publié le 29 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Ne vous méprenez pas. La Belle de Guinée n’est pas le nom d’une princesse peule ou d’un concours de Miss, mais celui donné à une pomme de terre cultivée dans la région du Fouta-Djalon (ou Moyenne-Guinée), qui est devenu une marque commerciale et un label déposés à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle.

L’aventure de la Belle de Guinée a commencé en 1992 lorsque des producteurs regroupés au sein de la Fédération des paysans du Fouta-Djalon (FPFD) se sont battus pour obtenir le blocage des importations de pomme de terre pendant la période de commercialisation de la production locale, soit de février à juin. Une protection – temporaire – qui a permis à la filière de décoller. D’autres mesures, dont certaines appuyées par les coopérations française et canadienne – fourniture à crédit de semences améliorées et importées, réalisation d’infrastructures de stockage et organisation de services d’appui à la production (système d’information sur les marchés, conseil technique et commercialisation) -, ainsi que la ténacité des paysans et une bonne concertation entre producteurs et commerçants pour arrêter un prix plancher, ont fait le reste.

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La belle à l’assaut des plateaux

Du coup, en quelques années, la culture, originellement circonscrite aux secteurs de Mali et de Dalaba, s’est étendue à d’autres zones de Moyenne-Guinée et des bas-fonds, elle a gagné les terres argileuses des plateaux. Puis elle s’est étalée quasiment tout au long de l’année. De 200 tonnes en 1990, la récolte est ainsi passée à 1 800 t en 1996 et 10 000 t en 2007 pour atteindre environ 20 000 t aujourd’hui. Une production surtout réalisée par des femmes, qui évoluent au sein de groupements et pour lesquelles la Belle de Guinée représente une source de revenus très importante. Deux variétés – la nicola, la plus répandue, et la spunta – dominent. Les trois quarts de la production proviennent de la zone de Pita, notamment du secteur de Timbi Madina. Le reste est assuré par les zones de Mali, Labé, Mamou et Dalaba. 

De tous les plats

Cette pomme de terre locale a largement conquis le marché intérieur, au point qu’elle accompagne chaque plat dans presque tous les restaurants et hôtels du pays. Et dans les familles guinéennes, si le riz reste la base de l’alimentation, elle est de plus en plus consommée. Même les bébés la dégustent sous forme de purée. Mais la Belle a aussi séduit les pays voisins. Le développement des exportations a bénéficié d’études de marché et d’une stratégie commerciale réalisées dans le cadre de différents projets, en particulier celui lancé en 2005 par l’Agence française de développement et mis en œuvre par la FPFD, qui encadre la filière et regroupe plus de 20 000 producteurs de pommes de terre, tomates et oignons.

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Environ 40 % de la production part vers le Sénégal, la Gambie et le Mali, principaux marchés extérieurs, ainsi que vers la Guinée-Bissau, la Sierra Leone et le Liberia. La Côte d’Ivoire et le Ghana pourraient être les prochaines cibles. L’interdiction des exportations de produits agricoles décrétée en janvier 2007 a fragilisé temporairement les cultivateurs. Mais la mesure a fini par être levée.

Lever les dernières contraintes

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Malgré les succès remportés par la Belle de Guinée auprès des consommateurs, des entraves restent à éliminer. En particulier le mauvais état du réseau routier, la dispersion des marchés, le manque de structuration des circuits de commercialisation, le déficit d’infrastructures de conservation ainsi que les barrages routiers qui renchérissent les taxes. Cap donc sur la levée de ces contraintes. Le grenier à pommes de terre du pays le vaut bien.

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