Algérie – France : bienvenue à la maison

Un climat détendu, quelques différends aplanis ou, du moins, abordés avec franchise… Le bilan du séjour du ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé à Alger est globalement positif.

Abdelaziz Bouteflika reçoit Alain Juppé. © AFP

Abdelaziz Bouteflika reçoit Alain Juppé. © AFP

Publié le 19 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

La visite d’Alain Juppé à Alger, les 15 et 16 juin – la première d’un chef de la diplomatie française depuis plus de trois ans –, a permis d’aplanir quelques différends qui empoisonnent les relations bilatérales. Même si les questions qui fâchent (Sahara occidental, conflit libyen, problèmes mémoriels, circulation des personnes…) n’ont pas été occultées, de profondes divergences n’en subsistent pas moins. Mais, avec pragmatisme, les deux parties ont préféré mettre l’accent sur les points de convergence : relance des investissements français, coopération militaire en Méditerranée et au Sahel, et, surtout, création d’un cadre permanent de concertation politique entre Alger et Paris.

Déjeuner surprise. Le 16 juin, à l’issue de l’audience qu’il lui avait accordée, Abdelaziz Bouteflika a même lancé à un Alain Juppé très surpris un jovial « Poursuivons nos discussions autour d’un bon repas ». Ce déjeuner non prévu au programme marque une sensible évolution de l’attitude du président algérien à l’égard des émissaires du gouvernement français, qui ont rarement eu les honneurs d’El-Mouradia. « Tout cela est de bon augure », se réjouit l’ambassadeur de France. « C’est le printemps de nos relations », s’est exclamé Juppé, tout aussi ravi de cette « embellie ». Le repas a duré quarante-cinq minutes, pendant lesquelles les journalistes ont fait le pied de grue à Djenane el-Mithaq, résidence d’État sur les hauteurs d’Alger, où le ministre français des Affaires étrangères et Mourad Medelci, son homologue algérien, devaient animer une conférence de presse.

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Le Français a d’emblée botté en touche sur la question de l’héritage de l’histoire coloniale. « Je suis venu ici pour parler de l’avenir, et non du passé », a-t-il précisé. Rappelant les propos de Nicolas Sarkozy à l’occasion de sa visite en Algérie, en 2007, il a affirmé que « la France n’est pas prête à la repentance ». Mais si les différends sont nombreux, la volonté d’avancer est palpable de part et d’autre. C’est le cas sur le conflit libyen, où Alger et Paris concèdent volontiers que seule une solution politique permettra de sortir de l’impasse militaire… même si, au moment où Juppé et Medelci s’exprimaient en ce sens, avions et hélicoptères de l’Otan bombardaient Tripoli. À la grande satisfaction de ses hôtes, le patron du Quai d’Orsay a rejeté les accusations selon lesquelles les autorités algériennes apporteraient un soutien au régime de Kadhafi via l’envoi d’armes et de mercenaires.

La principale décision prise durant le séjour de Juppé est la prolongation de la mission de Jean-Pierre Raffarin, qui avait été chargé par Sarkozy de relancer des dossiers économiques en suspens. Cette mission s’était achevée, le 31 mai, sur un bilan plutôt honorable : neuf dossiers réglés sur douze. L’ancien Premier ministre français dispose d’un nouveau mandat de six mois.

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Par Chérif Ouazani, envoyé spécial à Alger.

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