Chine : à Hohhot, les Hans n’ont pas la cote…

Après deux semaines de loi martiale, la « capitale » de la province autonome de Mongolie-Intérieure, Hohhot, a retrouvé un semblant de calme. Mais les raisons du récent coup de colère demeurent.

Manifestants mongols face aux forces de sécurité, le 23 mai, dans la ville de Xilinhot. © AP Photo

Manifestants mongols face aux forces de sécurité, le 23 mai, dans la ville de Xilinhot. © AP Photo

Publié le 27 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Le calme est revenu dans les rues de Hohhot. Un calme apparent. Dans son petit restaurant du centre-ville, ce patron mongol reste prudent. « Nous étions plusieurs milliers à manifester après la mort de Mergen et de Yalataihu, explique-t-il, les yeux aux aguets comme s’il craignait une descente de la Sécurité publique. On n’en peut plus de voir notre terre pillée par les Hans [l’ethnie majoritaire, NDLR]. Mais la police a débarqué en force. Depuis, on a peur. »

À une heure d’avion de Pékin, la capitale de la province autonome de Mongolie-Intérieure a retrouvé son agitation habituelle. La noria des camions chargés de charbon a repris. Pourtant, sur cette route stratégique reliant Pékin à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie dite extérieure, les véhicules militaires ne sont jamais très loin. De temps en temps, on tombe sur un barrage de blindés ou une patrouille de policiers antiémeute…

Les autorités chinoises n’entendent pas relâcher la pression.

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Les autorités chinoises n’entendent pas relâcher la pression sur ces plaines immenses balayées par de fréquents vents de sable. Un quart du charbon chinois est extrait ici. Soit près de 800 millions de tonnes par an, deux fois plus qu’en 2005. Le charbon, c’est l’indispensable carburant de « l’usine du monde » : il fournit plus de 70 % de l’électricité qu’elle consomme. Une manne dont les Mongols aimeraient bien profiter, eux aussi.

Mines clandestines

Dans les faubourgs de Hohhot, la steppe fait place aux terrils et aux mines géantes à ciel ouvert – pas toutes légales, d’ailleurs. On y extrait les fameuses « terres rares », indispensables aussi bien à la fabrication des iPad qu’à celle des missiles dernier cri de l’armée américaine. La Chine assure 97 % de la production mondiale.

« L’hiver, on est totalement coupés du monde, raconte un fermier. Moi, j’élève des moutons. Mes revenus avoisinent 3 000 yuans par mois [environ 300 euros]. Pas assez pour faire vivre ma famille. » Les joues brûlées par le soleil, il montre au loin la ligne de chemin de fer ouverte il y a trois ans. Les trains de marchandises y défilent sans discontinuer, empêchant les moutons, dont la laine sert à la fabrication du cachemire, de paître librement.

Très vite, la province est passée d’une économie d’autosubsistance au capitalisme sauvage.

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En quelques années, la Mongolie-Intérieure est passée d’une économie d’autosubsistance au capitalisme sauvage. Les grandes mines de la région sont entre les mains de sociétés d’État ou de riches propriétaires chinois. Les Mongols, qui vivent ici depuis deux siècles, en sont exclus.

C’est un banal fait divers qui a mis le feu aux poudres : la mort de Mergen et de Yalataihu (les Mongols ne portent généralement qu’un simple prénom). L’un a été tué par un chauffard han qui conduisait un camion de charbon. L’autre, après une manifestation contre la pollution. Comme un seul homme, les Mongols sont descendus dans les rues de Hohhot pour réclamer justice et, accessoirement, une meilleure répartition des richesses de la province.

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Après la répression policière des deux dernières semaines, le gouvernement local a promis de fermer les mines clandestines et de partager plus équitablement les richesses du sous-sol. Mais les bergers mongols regardent passer le « train de l’enfer » et hochent la tête. Avec scepticisme. 

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