Karim Tazi, le patron rouge

À la tête d’une entreprise de 1 200 salariés, Karim Tazi affiche son soutien aux manifestants du Maroc. Y compris sur le plan matériel.

Publié le 15 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

« Tous les hommes d’affaires qui ont une cabine de première classe devraient se poser une question : serions-nous sur le Titanic ? » Karim Tazi aime répéter cette boutade à ses intervieweurs. Elle fait mouche depuis que le directeur général de Richbond, société leader dans le textile d’ameublement, la création et la vente de salons marocains, soutient ouvertement le Mouvement du 20 février. Le dirigeant d’une société de 1 200 salariés encourageant des manifestations, n’est-ce pas un paradoxe ? Lorsqu’on le taquine à ce sujet, il réagit vivement : « Ce qui a tué l’économie [du Maroc], ce sont les fonctionnaires en grève depuis des années et dont l’État paie les journées chômées. Au moins, les jeunes manifestent le week-end ! »

Cet entrepreneur de 50 ans, qui n’a pas la langue dans sa poche, a hérité des responsabilités de papa, membre du Parti démocratique de l’indépendance (PDI) puis du Parti communiste marocain (PCM), et de la fibre sociale de maman, féministe, cheville ouvrière de la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance. « Un peu comme Obélix », Karim Tazi est tombé très tôt dans la marmite – politique -, mais son engagement dénote un esprit plus casse-cou. Électron libre, il crée la Banque alimentaire en 2002 et participe à la fondation du Réseau des associations de quartier (Resaq) en 2003. Président de l’Amith, fédération des professionnels du textile, entre 2004 et 2007, il sait aussi défendre bec et ongles une industrie nationale fragile « face à une compétition mondialisée féroce ». C’est clair, Karim Tazi aime le combat. Et la culture. Mécène, il a aidé les groupes de la nouvelle scène musicale, la fameuse Nayda, alors qu’il avoue « détester le rap et la musique urbaine ».

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« Dépendants des marchés de l’État »

Son engagement aux côtés des manifestants lui a valu quelques ennuis. Accusé de financer le mouvement, il ne s’en cache pas : « Oui, j’ai aidé. Je l’ai fait par conviction. Je n’ai pas donné d’argent, mais du matériel, l’équivalent de 5 000 euros en ordinateurs et clés internet 3G. » Fin mai, un courrier préfectoral lui notifie une interdiction de manifester. « On m’en veut de dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Dans les salons, les patrons pensent tous le plus grand mal du système, mais ils sont souvent dépendants des marchés de l’État. » 

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