Quand les ambassades portent le fardeau de l’Etat

Publié le 8 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Kabila : Mobutu light
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Kabila : Mobutu light

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Il n’est pas 8 heures du matin, les réverbères sont encore allumés. Sous une pluie fine et glaciale, un petit groupe piétine sur le cours Albert-Ier. L’attroupement fait désordre dans le très huppé 8e arrondissement de Paris. Ici se côtoient les enseignes de haute couture et les appartements de diplomates. Devant le vaste hôtel particulier défraîchi qui tient lieu d’ambassade à la RD Congo, les files d’attente sont pourtant quotidiennes. La chorégraphie insolite commence vers 7 heures et s’emballe rapidement. À 9 heures, le jour de notre visite, plus de 40 personnes faisaient déjà le pied de grue.

Procédures longues

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Franck* travaille la nuit, en banlieue, dans une usine d’assemblage automobile. Il est « passé » avant de rentrer chez lui, dans une autre banlieue, pour « tenter sa chance », et a pris soin d’arriver une heure avant l’ouverture. Il y a quatre mois, il a déposé une demande de passeport biométrique – rendu obligatoire par les autorités congolaises. N’ayant pas de passeport valide auparavant (en raison des années de guerre, beaucoup de Congolais n’ont pu mettre à jour leur état civil), il a dû débourser 261 euros. La procédure devait durer deux mois. Mais, quatre mois plus tard, toujours rien. Franck a pourtant besoin du document pour régulariser son titre de séjour en France.

Malgré un certain effort d’organisation – à Paris, un numéro de téléphone a été mis en place pour les prises de rendez-vous, il est affiché sur un carreau cassé donnant sur la rue –, les ambassades congolaises portent les plaies de l’État qu’elles représentent. « Jusqu’en 2009, nous n’étions pas en règle au niveau des cotisations à l’Union africaine », reconnaît Alexis Thambwe Mwamba, le ministre des Affaires étrangères.

Conséquence : les diplomates congolais sont très peu présents dans les institutions internationales. Payés à un rythme fantaisiste et vivant chichement malgré le prestige de leur fonction, ils inspirent aussi de la pitié à leurs pairs. Le faste des années Mobutu, quand « l’ambassade du Zaïre » était une bonne table, est un vieux souvenir. Récemment, un ambassadeur congolais dans un pays européen déplorait l’insécurité qui règne dans le quartier de sa résidence.

Affichant l’intention de redonner son lustre à la diplomatie congolaise, Joseph Kabila a promis une « refondation » en décembre. Sur deux ans, le nombre de missions diplomatiques doit passer de 64 à 45, et celui des diplomates de 530 à 400. Les arriérés de salaires et de loyers doivent être régularisés.

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* A sa demande, son prénom a été changé.

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