16 janvier 2001 : le jour où Joseph succéda à Kabila à la tête de la RDC

Le 16 janvier 2001, Kinshasa est sens dessus dessous après l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila. Le pays n’a pas de Constitution. Il est simplement régi par le décret 003 du 27 mai 1997 composé de treize articles. Dans ce texte, rien n’est prévu en cas de disparition du chef de l’État.

Joseph Kabila à la télévision nationale congolaise, le 16 janvier 2001. © Capture d’écran / YouTube / INA

Joseph Kabila à la télévision nationale congolaise, le 16 janvier 2001. © Capture d’écran / YouTube / INA

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Publié le 8 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Kabila : Mobutu light
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Kabila : Mobutu light

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Lorsqu’il apprend la nouvelle, le général de brigade Joseph Kabila, chef d’état-major de la force terrestre, se trouve à 2 000 km de là, au camp militaire de Kimbembe, près de Lubumbashi, au Katanga. Il est un peu en disgrâce auprès de son père depuis la perte, en novembre 2000, de la localité stratégique de Pweto, prise par les troupes du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) appuyées par l’armée rwandaise. « Laurent-Désiré était tellement furieux qu’il menaçait de fusiller lui-même Joseph pour servir d’exemple », confie un ancien ministre.

Une fois informé du drame, Joseph Kabila monte dans un avion en compagnie, entre autres, d’Augustin Katumba Mwanke, gouverneur du Katanga. Afin de brouiller les pistes, l’appareil passe par Mbuji-Mayi, au Kasaï oriental, puis, peu avant minuit, se pose sur la zone militaire de l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa. Escorté par des militaires zimbabwéens, le général est conduit à la clinique Ngaliema.

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Pendant ce temps, les collaborateurs du président assassiné s’activent pour combler au plus vite le vide à la tête de l’État. Aux premières loges, les fidèles parmi les fidèles : Gaëtan Kakudji, ministre de l’Intérieur ; Jeannot Mwenze Kongolo, ministre de la Justice ; Pierre-Victor Mpoyo, ministre du Pétrole ; Abdoulaye Yerodia Ndombasi, ancien ministre des Affaires étrangères… Les militaires sont également mobilisés : le général Sylvestre Lwetcha, chef d’état-major interarmées ; le général François Olenga ; le général Faustin Munene, de la force aérienne…

Trois réunions décisives

Au moins trois réunions se tiennent ce 16 janvier 2001 : une réunion avec les alliés zimbabwéens, namibiens et angolais a lieu juste après l’assassinat ; une autre qui rassemble les membres du gouvernement ; une troisième qui regroupe Mwenze Kongolo, Gaëtan Kakudji, l’ancien ministre Henri Mova Sakanyi. Au cœur des conciliabules : la succession de Laurent-Désiré Kabila. Kakudji ? Mwenze ? Ou Joseph Kabila, selon le vœu des Zimbabwéens ? Ou bien encore Eddy Kapend, l’aide de camp du défunt, qui a la préférence des Angolais ? Les États-Unis, la France et la Belgique suivent tout cela de très près.

Finalement, le consensus se fait autour d’un nom, ou plutôt d’un prénom : Joseph. Mais qui l’a sorti du chapeau ? Mwenze Kongolo, selon un témoin. En compagnie d’Eddy Kapend, le ministre de la Justice se rend à l’état-major général des forces alliées, au camp Tshatshi, où se trouve Joseph Kabila, sous protection du contingent zimbabwéen. Mwenze lui demande s’il accepte de remplacer son père. La réponse est oui. Le 17 juin, la décision de nommer Kabila « coordonnateur de l’action gouvernementale en attendant » est annoncée lors d’une réunion du Conseil de sécurité national. En clair, c’est un président intérimaire…

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