Sécurité : le clan des Katangais

Chez Kabila, la hantise du complot remonte, bien sûr, à l’assassinat du père. Mais en mars 2007, après la sanglante bataille de Kinshasa contre la milice armée de Jean-Pierre Bemba, le régime a encore renforcé son appareil répressif.

Christophe Boisbouvier

Publié le 8 février 2011 Lecture : 1 minute.

Kabila : Mobutu light
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Kabila : Mobutu light

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Matraques électriques, simulacres d’exécutions… Selon Amnesty International et Human Rights Watch, la torture est une pratique courante dans les centres d’interrogatoire.

Pour peser dans le millefeuille sécuritaire, l’atout maître, c’est la proximité avec le chef de l’État, avec deux jokers : l’origine et la langue. Dans plusieurs unités, le vrai chef n’est pas le numéro un, mais celui qui est mulubakat, originaire du nord du Katanga, comme la famille Kabila. Ou du moins celui qui parle swahili, comme le patron. « Il est des nôtres », dit alors le premier cercle présidentiel.

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L’armée est tenue par plusieurs officiers balubakat (pluriel de mulubakat). En période de guerre, à l’Est, il est fréquent que Kabila parle au téléphone en swahili avec un commandant d’unité, et non au général qui dirige l’offensive. Les renseignements militaires sont sous le contrôle du colonel Yav. Un Katangais, lui aussi.

Jusqu’à l’assassinat de Floribert Chebeya, en juin 2010, la police était dirigée par le général katangaisJohn Numbi. « Le matin, Numbi était la première personne que Kabila appelait », confie un membre du premier cercle. Aujourd’hui, Numbi est officiellement suspendu, mais « il garde de l’influence », et Kabila continue de le consulter. Quant à la très redoutée Agence nationale de renseignements (ANR), elle est sous la coupe de Kalev Mutond. Encore un Katangais.

Reste le corps d’élite : la garde républicaine. Dirigée par le général katangais Banze, c’est la seule unité qui n’a pas été « brassée » – c’est-à-dire ouverte à un brassage ethnique. Ses quelque 15 000 hommes viennent pour la plupart du Katanga et sont les militaires les mieux payés du pays. Enfin, Kabila confie sa sécurité rapprochée à son aide de camp, qui s’appelle… Kabila. John Kabila – un hasard. Mais l’homme est aussi mulubakat. Et là, ce n’est plus un hasard.

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