Xi Jinping, le futur numéro un

Avec près d’un an de retard, Xi Jinping (57 ans) a été nommé, lors du plénum du Parti communiste chinois qui s’est achevé le 18 octobre, vice-président de la commission militaire centrale. Cette nomination, selon la tradition, fait de lui le très probable successeur de Hu ­Jintao.

Le probable futur numéro chinois, Xi Jinping. © Sergei Karpukhin/Reuters

Le probable futur numéro chinois, Xi Jinping. © Sergei Karpukhin/Reuters

Publié le 5 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Selon des sources bien informées à Hong Kong, Xi Jinping avait lui-même demandé, dans une ­lettre au comité central, que sa nomination à la vice-présidence de la commission militaire centrale soit différée, suscitant du même coup des interrogations. Mais le fait qu’il ait été chargé de superviser l’organisation des Jeux olympiques de Pékin, en août 2008, puis celle de la célébration du 60e anniversaire de la République populaire, le 1er octobre 2009, montrait bien que les règles de transmission du pouvoir n’avaient pas changé.

Celles-ci sont définies par la Constitution de 1982. Comme celui de tous les hauts dirigeants du pays, le mandat présidentiel est de cinq ans, renouvelable une fois. Hu Jintao cédera donc le secrétariat général du parti à Xi Jinping en 2012, au terme de son second mandat, puis, dans la foulée, la présidence de la République. C’est la « cinquième génération » des dirigeants communistes qui s’apprête à accéder au pouvoir. Xi Jinping était encore un enfant quand Xi Zhongxun, son père, fut déchu de son poste de vice-­Premier ministre, prélude à seize années d’emprisonnement (il est décédé en 2002). Durant la Révolution culturelle, comme des millions de « jeunes instruits », Xi est contraint de quitter Pékin pour aller travailler à la campagne, dans le Yunnan, le fief de Mao pendant la Longue marche et l’une des provinces les plus pauvres du pays. Il a 16 ans et va y rester six ans.â

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En 1975, il est jugé digne d’entrer à l’université de Qinhua, cette pépinière de cadres du régime où, plus de dix ans auparavant, Hu Jintao avait lui aussi étudié. En 1979, il y décroche un diplôme d’ingénieur. Par la suite, il va occuper des postes de premier plan dans des provinces peu développées (Hebei), puis dans deux riches provinces côtières (Fujian, Zhejiang), avant d’être nommé, brièvement (sept mois), chef du parti à Shanghai. En 1997, il est élu membre du Comité central. Un temps, il sera aussi chargé des affaires de Hong Kong et de Macao. L’actuel président et son dauphin sont l’un et l’autre réputés prudents, discrets et, ce qui ne gâte rien, maris fidèles et bons pères de famille. Xi a épousé en secondes noces la cantatrice populaire Peng Liyuan.

Selon l’une de ses rares biographies, parue à Hong Kong, Xi Jinping possède un vaste réseau d’amis dans tout le pays, y compris dans les milieux d’affaires, et connaît bien les mécanismes de l’économie de marché. Sur le plan politique, difficile de dire s’il est orthodoxe ou rénovateur. Seule certitude : son dernier discours, au mois de septembre, tranchait avec les déclarations souvent soporifiques des autres dirigeants. Il y exposait la conception selon laquelle le pouvoir vient du peuple, et doit être exercé pour lui.

Sur le web, les commentaires ont été généralement favorables, nombre d’internautes saluant « un pas tranquille vers la démocratie ». Quoi qu’il en soit, Xi avait forcément reçu l’aval de Hu. Sur de nombreux points, son discours recoupe d’ailleurs certaines déclarations récentes du Premier ministre, Wen Jiabao, sur la nécessité d’une réforme politique. Pour l’un comme pour l’autre, l’établissement de la démocratie suppose que certaines conditions soient préalablement remplies : mise en place d’un État de droit, constitution d’une classe moyenne, croissance économique stable, contexte social et international apaisé… Si tel est le cas lorsque Xi accédera au pouvoir, il pourrait être l’homme d’une évolution décisive.

Réputé fidèle en amitié, le futur numéro un conserve d’étroites relations avec plusieurs amis d’enfance parmi lesquels Nie Weiping, un célèbre joueur de go. Ce dernier a révélé récemment que Xi était un amateur averti de ce jeu d’une rare complexité. Dénommée en langage populaire « style nommé Xi », sa façon de jouer se caractérise, dit-on, par un mélange de prudence et de détermination. Des qualités qui ne devraient pas lui être inutiles dans ses futures fonctions ! 

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