Nouakchott contre-attaque

Si le raid du 22 juillet contre un camp d’Aqmi n’a pas permis de sauver l’otage français Michel Germaneau, il n’en est pas moins considéré comme un succèsen Mauritanie, dont l’armée a marqué un point contre les djihadistes.

Le raid franco-mauritanien est vu comme un succès par Nouakchott. © Archives AP/Sipa

Le raid franco-mauritanien est vu comme un succès par Nouakchott. © Archives AP/Sipa

Publié le 9 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Le raid militaire mené par Paris et Nouakchott contre un camp d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) le 22 juillet n’a pas sauvé de la mort l’otage français Michel Germaneau. En Mauritanie, il est pourtant considéré comme un succès. Dès le 23 juillet au matin, le ministre de l’Intérieur, assurant l’intérim de son homologue de la Défense, alors en voyage au Mali, a expliqué qu’il avait permis de prévenir une attaque contre la garnison militaire de Bassikounou, dans l’est du pays. Il a ensuite décrit le matériel saisi par les troupes : téléphones portables, munitions, armes, composants d’explosifs… Puis s’est félicité du bilan humain de l’opération : 6 morts au sein d’Aqmi (le chiffre sera ensuite porté à 7, un combattant ayant succombé à ses blessures). Le soir même, la télévision nationale diffusait des images macabres de jeunes barbus en sang gisant sur le sable.

La Mauritanie veut afficher sa capacité militaire à mater les terroristes. Selon Laurent Prieur, journaliste à Nouakchott, deux chefs opérationnels d’Aqmi figurent en effet parmi les morts. L’un d’entre eux était chargé des opérations militaires contre la Mauritanie. Ils appartenaient à la katiba – « le camp » – de Yahya Abou Hammam, commanditaire de l’enlèvement d’un couple italo-burkinabè aux confins du Mali, en décembre dernier.

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Lourd tribut

Jusqu’alors, le terrorisme avait fait payer un lourd tribut au pays. Sur les 15 opérations recensées depuis 2005 (voir carte), 9 ont eu lieu sur son territoire. Deux d’entre elles ont été particulièrement sanglantes pour l’armée : Lemgheity, en juin 2005, qui a coûté la vie à quinze soldats, et Tourine, en septembre 2008, au cours de laquelle onze militaires et leur guide, qui s’étaient rendus en pleine nuit au-devant d’une colonne de véhicules suspects, ont été décapités, et leurs corps remplis d’explosifs.

Le contraste entre le traumatisme de Tourine et les résultats du raid du 22 juillet explique la satisfaction mauritanienne, aussi étrange puisse-t-elle paraître en France. Depuis 2008, l’armée mauritanienne a changé. Trois groupements spéciaux d’intervention (GSI) – des unités mobiles de deux cents hommes entraînés à quadriller le désert – ont été mis sur pied. Six instructeurs français dispensent leur formation à Nouakchott et à l’École interarmes d’Atar. Quarante-cinq points de passage sur les frontières ont été créés. « Il y a désormais une bonne évaluation de la menace », explique une source française. Mais aussi, au lendemain du raid du 22 juillet, un risque de représailles… 

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