Les réprobations de l’ambassadeur

Jean-Marc Chataignier et Andry Rajoelina, le 19 mars 2009 à Antananarivo. © AFP

Jean-Marc Chataignier et Andry Rajoelina, le 19 mars 2009 à Antananarivo. © AFP

Publié le 21 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre la France et le régime de transition ? Les spéculations vont bon train à Madagascar depuis le 14 juillet. Ce jour-là, deux événements attirent l’attention. À Paris, le défilé des troupes africaines se déroule en l’absence d’Andry Rajoelina, qui n’a pas été invité. Quelques heures plus tard, à Antananarivo, Jean-Marc Châtaigner, l’ambassadeur français, profite d’une cérémonie pour lâcher plusieurs saillies.

Tout le monde en prend pour son grade : les opposants et, plus surprenant, le régime de transition. L’ambassadeur en appelle à « la transparence des finances publiques », au « refus de toute corruption », au respect de la liberté de la presse… Il réclame la dissolution « des milices paramilitaires » – dont la plus active est celle d’Alain Ramaroson, l’un des membres les plus influents de la Haute Autorité de la transition (HAT) – ainsi que celle de la Force d’intervention spéciale (FIS). Cet escadron, sorte de garde présidentielle créée de toutes pièces après la chute de Marc Ravalomanana, s’est distingué par ses méthodes expéditives.

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Si officiellement le Quai d’Orsay s’en défend, en « off », les diplomates français et les médiateurs internationaux ne s’en cachent pas : depuis sa prise de pouvoir, Rajoelina a toujours été soutenu par Paris – et plus particulièrement par l’Élysée, le dossier étant géré par le secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, et par le conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy, André Parant. À Tana, plusieurs conseillers de Rajoelina jouent les courroies de transmission, parmi lesquels l’homme d’affaires franco-malgache Patrick Leloup, proche de Robert Bourgi, conseiller de Nicolas Sarkozy.

La déclaration de Jean-Marc Châtaigner ne marque pas pour autant un revirement de la position française. Dans son discours, le diplomate soutient la tactique de Rajoelina – des élections le plus tôt possible, sans attendre la constitution d’un gouvernement de consensus ni même une nouvelle médiation internationale – et salue sa « décision exemplaire et courageuse » de ne pas se présenter à la présidentielle, une idée qui lui a été très fortement soufflée par Paris.

Ses attaques visent plutôt une partie de l’entourage présidentiel, ces hommes et ces femmes que les diplomates du Quai d’Orsay appellent « les jusqu’au-boutistes », accusés d’enfermer le jeune président dans une posture radicale et d’être à l’origine des arrestations de journalistes et d’opposants qui ternissent l’image du régime. Pas évident que l’Élysée soit sur la même longueur d’onde…

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Précision : A la lecture de cet article, Robert Bourgi tient à préciser qu’il ne s’occupe plus du dossier malgache depuis juin 2009 et qu’il n’a aujourd’hui plus aucun lien avec Andry Rajoelina et l’un de ses conseillers, l’homme d’affaires franco-malgache Patrick Leloup.

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