Jean-Claude Muyambo, éternel rival
Le Katanga attend son heure
Jean-Claude Muyambo, 44 ans, déboule entre les herbes folles au volant d’une jeep. Ce matin, il est en propriétaire terrien : chapeau à larges bords, treillis et godillots. Hier soir, il était plutôt en homme politique. Dans un fauteuil en cuir de son salon, le président de Solidarité congolaise pour la démocratie – 2 sénateurs et 2 députés nationaux, dont lui-même – s’épanchait avec de grands gestes sur le devenir du Katanga.
Douze heures plus tard, l’ex-bâtonnier du barreau de Lubumbashi – né à Kolwezi – s’est transformé en ami des bêtes. Il fait sa ronde matinale dans son domaine, le « Muyambo Park », à 15 km du centre de la capitale provinciale. Dromadaires, girafes, zèbres, gnous, hyènes… Sur 400 ha, des animaux importés de Somalie, de Tanzanie ou de Namibie se baladent en liberté.
Petit-fils d’un ingénieur néerlandais, Jean-Claude Muyambo dit avoir fait fortune comme avocat quand, à la libéralisation du secteur minier, les entreprises se sont ruées sur le Katanga et ont eu recours à ses services. Il a investi 3,5 millions de dollars dans son parc, ouvert en juillet 2009.
Avec ses terres, son argent et son expérience de ministre national – des Affaires sociales, en 2007 –, l’avocat assure sa notoriété. Dans sa panoplie, il y a aussi une ONG, Solidarité katangaise, pour « éduquer la population à comprendre la vie politique ». Et l’incontournable groupe de médias : Jua TV et Jua FM (« soleil » en swahili). Jouant les grands princes sans protocole, il cultive aussi sa popularité en organisant des meetings.
Les élections de 2011 approchant, « Seigneur Muyambo » est en campagne. Il est pour le fédéralisme mais juge l’indépendance du Katanga « dépassée ». Membre de l’Alliance de la majorité présidentielle, il rêve d’être Premier ministre ou gouverneur de la province. Ce dernier poste est occupé par un animal politique qu’il ne porte pas dans son cœur : Moïse Katumbi. « Il m’a fait des problèmes quand j’ai lancé le parc », dit-il. Même sens des affaires, même génération, même chapeau, même besoin d’avoir sa cour : Jean-Claude Muyambo ressemble trop à son éternel rival pour l’aimer.
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