Très chère Guinée équatoriale

Produits du marché ou de supermarché, taxis, restaurants, immobilier… À Bata comme à Malabo, tout coûte les yeux de la tête.

Les denrées vendues en magasin restent inaccessibles à la plupart des locaux. © Vincent Fournier pour J.A.

Les denrées vendues en magasin restent inaccessibles à la plupart des locaux. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 11 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Malabo maintient le cap
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« À Malabo, le bâton de manioc est à 250 F CFA [38 centimes d’euros, NDLR], une bière à 500 F CFA et le kilo de poisson frais peut grimper jusqu’à 2 000,00 F CFA », soupire Antonio, un jeune Malabéen. Un de ses compatriotes de Bata s’arrange, lui, pour faire son marché au Cameroun : « Là-bas, un téléphone portable coûte 35 000,00 F CFA alors que, à Bata, on n’en trouve pas à moins de 100 000,00 F CFA ! » Même complainte du côté des étrangers. « Un kilo de viande vaut 5 000,00 F CFA en Guinée équatoriale, contre 300 F CFA au Tchad [soit 7,60 euros, contre 45 centimes, NDLR]. La moindre course en taxi revient à 300 F CFA et, au restaurant, une simple omelette coûte au minimum 2 000,00 F CFA », maugrée un expatrié tchadien. Quant au prix d’une chambre d’hôtel, comptez 130 000 à 200 000 F CFA (200 à 300 euros).

Quel que soit son pouvoir d’achat, qu’il soit équato-guinéen ou étranger, ici, le consommateur s’arrache les cheveux. Bien évidemment, les plus bas revenus sont les premiers à pâtir de cette situation. Ce qui représente une grande partie de la population puisque, si les conditions de vie se sont nettement améliorées ces dernières années grâce aux investissements dans les infra­structures et les services de base, ainsi que dans l’habitat social, le revenu des Équato-Guinéens n’a pas beaucoup augmenté. Le salaire minimum mensuel est de 140 000,00 F CFA (213 euros) dans la fonction publique et à peine plus élevé dans le privé. Heureusement, l’école publique est gratuite. De quoi soulager le budget des familles, qui, pour la plupart, comptent au moins cinq enfants. Mais pas de quoi consommer, sinon à outrance, au moins en toute quiétude.

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Or, donc, tout est cher et la tendance est à l’inflation. Une situation liée notamment au fait que la plupart des marchandises sont importées – des pays voisins, d’Europe, des Amériques ou d’Asie –, y compris les produits alimentaires de base.

Spéculation des commerçants ?

Son insularité peut, en partie, expliquer que la capitale politique, Malabo, batte des records en matière de cherté. Mais dans la capitale économique, Bata, pourtant située sur le continent, la vie au quotidien est tout aussi onéreuse. Et si la récente implantation de nouveaux distributeurs a apporté un peu de concurrence, elle n’a guère changé la donne : les produits disponibles dans les supermarchés restent inaccessibles à bon nombre d’Équato-Guinéens, qui s’approvisionnent principalement au marché, un peu moins cher.

La plupart des consommateurs attribuent la cherté des produits au manque de politique de contrôle des prix, qui favorise la spéculation : « Les commerçants multiplient parfois les prix par trois », souligne un habitant de Bata. Si le poste alimentation pèse lourd dans le budget d’une famille, celui du logement reste le plus important.

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« Dans un quartier populaire, on ne peut pas louer une maison avec un salon et deux chambres à moins de 100 000,00 F CFA par mois et, dans les quartiers chics, il n’est pas rare que le loyer mensuel d’une villa dépasse 2 ou 3 millions de F CFA », explique un fonctionnaire expatrié. Cependant, si peu de villas étaient disponibles jusqu’à présent, beaucoup viennent d’être construites et, l’offre augmentant, les prix devraient baisser. D’ailleurs, la livraison de « villas sociales » – largement subventionnées par l’État – a déjà permis à nombre d’Équato-Guinéens d’accéder à la propriété à un coût relativement bas. D’où une certaine satisfaction au sein d’une partie de la population, notamment chez les fonctionnaires et parmi les classes moyennes, qui voient l’un de leurs premiers sujets de préoccupation enfin pris en compte.

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