IDE : bonne résistance du Maghreb en 2009

En 2009, les capitaux étrangers investis dans la région ont dépassé les 8 milliards d’euros. Si les pays du Golfe sont en net retrait, l’Europe reste présente, notamment sur les projets industriels et les services.

Publié le 2 juin 2010 Lecture : 4 minutes.

De fait, l’Europe a débloqué 54 % des 32,3 milliards d’euros d’investissements directs étrangers (IDE) annoncés dans les treize pays de la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) en 2009. Cinq pays européens se classent parmi les dix premiers investisseurs, avec le Royaume-Uni en tête (6,7 milliards d’euros investis) et la France au troisième rang (3,5 milliards), encadrant les États-Unis (3,7 milliards). De leur côté, les pays du Golfe poursuivent leur retrait à une vitesse supersonique. Premiers investisseurs de la région en 2007 (22,2 milliards d’euros), ils n’ont annoncé qu’un montant d’environ 7 milliards d’euros l’an dernier, principalement en Égypte. Portés par ce même mouvement de retrait loin de leurs bases, les pays d’Amérique du Nord (12 % des montants investis en 2009) amorcent un désengagement, en particulier au Maghreb.

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Entrée plus tardivement dans la crise, la zone méditerranéenne l’a traversée de façon atténuée. « Le flux net d’investissements a régressé, mais à un rythme plus faible qu’ailleurs », note Zoé Luçon. Si les IDE ont plongé de 17 % en 2009 dans la région, l’effondrement a atteint 35 % au niveau mondial, selon les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Conséquence ? Les entreprises s’adaptent. La taille moyenne des investissements dans la zone fléchit à 62,3 millions d’euros en 2009, contre 89 millions en 2006. Les investisseurs sont plus prudents et élaborent des projets moins risqués.

Les partenariats ont la cote

Signe de ce surcroît de prudence, les sociétés étrangères favorisent les partenariats avec les entreprises locales au détriment des IDE. Au total, 300 partenariats ont été conclus en 2009, contre 204 en 2008 et 145 en 2007. L’an passé, les Européens en ont concrétisé plus de la moitié (52 %), signés dans les services à la personne, la distribution, l’ameublement, le textile ou l’agroalimentaire. « Grâce à une meilleure intégration industrielle avec l’Europe, le Maghreb est le pré carré de la coopération économique européenne », note le rapport Anima. Une tendance qui aurait permis de créer 33 500 emplois en sept ans.

Dans ce contexte économique plutôt tendu, le Maghreb est la région du Sud méditerranéen qui a résisté le mieux. Il a attiré 8,5 milliards d’euros d’IDE l’an passé, contre 8 milliards en 2008. Même l’Algérie en a bénéficié, malgré un durcissement des conditions d’accueil des IDE. Ces derniers ont grimpé de 1,5 milliard à 2,5 milliards d’euros entre 2008 et 2009. Ce bon score doit être tempéré par la toute-puissance du secteur énergétique, qui totalise neuf des dix plus gros projets annoncés l’an dernier dans le pays.

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De son côté, le Maroc récolte les fruits de sa politique industrielle très volontariste dans le développement de secteurs (automobile, logistique…) et de zones franches et industrielles. Les dix plus gros projets annoncés au Maroc en 2009 sont dans la métallurgie, l’énergie, l’automobile, les télécoms, la banque et le tourisme, pour une enveloppe passée de 2 milliards à 3,3 milliards de dollars en 2009.

Quant à la Tunisie, elle sauve l’essentiel. L’objectif initial du 1,3 milliard d’IDE est atteint, mais il représente une chute de 34 % par rapport à 2008. En cause : la source des mégaprojets immobiliers liés aux capitaux du Golfe s’est tarie. Le pays peut toutefois se féliciter de l’attractivité de son industrie avec la constitution autour d’Aerolia, une filiale d’EADS, d’un pôle aéronautique très prometteur.

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L’impact de la crise a également rebattu les cartes dans les secteurs. Ceux qui sont liés à la demande locale, comme les télécoms et internet, continuent leur forte progression même si la saturation des marchés freinera à terme l’élan des investisseurs. Cette activité est même la seule qui a engrangé un nombre de projets à la hausse en 2009 (+ 17 %). La modernisation et l’extension des réseaux (Algérie, Maroc), l’attribution d’une nouvelle licence fixe-mobile à Orange en Tunisie et la cession partielle de l’opérateur marocain Wana au koweïtien Zain ont dynamisé les IDE l’an passé.

L’énergie en hausse

Plus généralement, l’aéronautique, l’agroalimentaire (porté par des investisseurs du Golfe en quête d’approvisionnements), l’ameublement, les équipements électriques et électroniques, la métallurgie font plutôt bonne figure. Après le tassement de 2008, l’énergie connaît une croissance des montants investis (+ 53 %) en 2009, grâce au lancement de plans nationaux dans les énergies renouvelables.

Parmi les perdants, tous les investissements gourmands en capitaux, longs à mettre en œuvre et tributaires de la volatilité des cours des matières premières, accusent le coup. Il s’agit de toutes les activités de production de matériaux (verre, ciment, minéraux, papier) ainsi que de la pétr

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